Chronique de l’assemblée régionale d’octobre 2013
C’est une assemblée plénière assez mouvementée qui s’est tenue ces jeudi et vendredi au conseil régional de Rhône-Alpes. Les écologistes ont réalisé que leurs propositions innovantes se heurtent souvent à des réflexes archaïques de la part des autres formations politiques, mais qu’à force de patience et de travail, ils peuvent arriver à faire bouger les lignes.
Un fonds d’investissement régional pour dynamiser les énergies renouvelables
C’est une première en France. Benoît Leclair, vice-président écologiste délégué à l’Énergie et au Climat, lance une société d’investissement régionale qui va financer les projets d’énergies renouvelables impliquant les collectivités locales et les citoyens. En savoir plus
Le Front de Gauche a voté contre au nom d’un «écosocialisme» centralisateur 100% public sous monopole d’EDF*.
La droite a usé d’arguments éculés pour étaler son inculture concernant les énergies renouvelables. Ainsi, François-Eric Carbonnel, de l’UMP, a crânement indiqué qu’«un enfant de cinq ans sait que les panneaux solaires ne fonctionnent pas la nuit», alors que Sophie Robert (FN) s’inquiétait des modalités de «démantèlement des éoliennes». Pierre Mériaux (EELV) leur a suggéré de lire les ouvrages de Jeremy Rifkin (voir son intervention en vidéo).
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L’assemblée refuse d’aider les maisons de naissance
On se serait cru à l’Assemblée Nationale quand Simone Veil, en 1976, défendait les droits à l’avortement: Albane Colin a subi les invectives rétrogrades d’autres conseillers régionaux. A travers les maisons de naissance, les élus EELV proposaient d’expérimenter une autre façon de vivre la naissance pour les familles qui le souhaitaient, mais l’assemblée s’est arc-boutée sur des principes d’un autre âge.
Annabel André-Laurent (UMP) alla jusqu’à accuser les élus écologistes de vouloir faire accoucher les femmes au pied des arbres.
L’assemblée régionale a donc refusé d’offrir aux femmes de Rhône-Alpes ayant des grossesses à bas risques un choix différent face à la surmédicalisation, coûteuse, des accouchements.
Crolles 2017 : appliquons le « sérieux budgétaire » aux aides économiques
Décidément, l’assemblée régionale peine à changer de modèle. Elle a aussi refusé la proposition des écologistes de transformer ses aides au développement économique en avances remboursables.
La Région veut verser 25 millions d’euros au projet Crolles 2017 porté par la société ST Microelectronics, implantée en Isère. Cet argent versé ne s’assortit d’aucun engagement, notamment en termes de création d’emplois pérennes.
Eric Piolle (EELV) l’a rappelé, «pour un bon usage de l’argent public, il faut partager les risques et les bénéfices. Il n’est pas acceptable qu’une société multinationale qui touche 1 milliard de subventions publiques verse 500 millions de dollars de dividendes. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire des dons d’un tel montant à fonds perdus sans contrepartie.»
Seuls les élus EELV et 3 autres élus (Parti de gauche et Gauche Unitaire) ont voté contre ces 25 millions sans conditions, tandis qu’UMP, PS et PCF se retrouvaient ensemble pour signer ce chèque en blanc.
Un centime de plus par litre d’essence pour financer des projets ferroviaires
Les élus EELV préparent l’avenir. Après plusieurs tentatives, les conseillers régionaux écologistes ont enfin obtenu une sur-modulation légère de la taxe sur les carburants qui permettra d’investir 66 millions d’euros par an dans les transports alternatifs à la voiture individuelle.
Ils ont aussi enfin obtenu, à force d’insister, l’application d’un règlement sur la transparence des partenaires financiers de la Région quant à leurs avoirs dans les paradis fiscaux.
Protéger les rhônalpins des risques industriels
Avec Alain Chabrolle, vice-président (EELV) à l’environnement et la santé, les plans de prévention des risques technologiques de la région iront au-delà de l’obligation faite par l’Etat. Ces plans doivent prévenir les risques d’explosion et éloigner les populations des zones à risques. Alain Chabrolle souhaite avant tout diminuer les risques à la source. Ainsi, la région aidera aussi les entreprises à utiliser moins de produits dangereux.
La conseillère régionale Annie Agier a toutefois rappelé que « dans la Région la plus nucléarisée d’Europe, il est regrettable que le nucléaire et tous ses risques soient exclus des plans de prévention des risques technologiques. Comment expliquer aux citoyens que malgré la circulation quasi quotidienne de matériel lié à l’industrie nucléaire sur nos routes ou nos rails, on exclue cette industrie des plan de prévention des risques ? Quelle réaction en cas d’accident ? »
Deux amendements écologistes ont été repoussés par une alliance PS et UMP. Le premier proposait de conditionner les aides régionales à la prévention des risques au non versement de dividendes. Le second demandait un moindre recours aux sous-traitants, facteur de risque pour la maintenance de ces sites dangereux.
«Décidément pour certains le changement c’est pas maintenant», se désole Pierre Mériaux.
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* (alors qu’actuellement EDF, partiellement privatisée, fonctionne comme une entreprise privée… tout en freinant le développement des énergies renouvelables)