Intervention de Gwendoline DELBOS-CORFIELD sur les jeux olympiques Annecy 2018

Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président, cher(s) collègue(s),

Nous le disions en juillet, la candidature d’Annecy a été en quelque sorte retoquée par le CIO, et les promoteurs du projet ont dû revoir leur copie. Pour notre groupe, cette course à la candidature est une des grandes dérives du système olympique qui fait payer des droits d’entrées et des charges de lobbying à répétition à chaque nouvelle étape pour gaver l’affamé CIO. Nous regrettons donc, nous le répétons, cette ultime tentative qui fait dépenser encore des fonds publics de nos collectivités engagées dans cette candidature. En revanche, depuis juillet, les choses ont évolué du côté du Conseil régional, et nous voulons dire notre satisfaction, satisfaction relative et dubitative. Beaucoup des engagements reposent sur la volonté des autres partenaires et la Région n’est qu’incitative.

Cependant La Vice-présidente au Tourisme et à la Montagne a émis des exigences particulières et fortes sur ce dossier. Avec l’aide des acteurs du terrain concernés, les agriculteurs, les habitants, les associations environnementales, elle a constamment infléchi les points techniques du dossier pour permettre de mettre en place le plus de protections environnementales possibles. Vous avez, monsieur le Président, été plus à l’écoute ces derniers temps de nos exigences écologistes, et la formule est plus protectrice que lors du précédent mandat sans aucun doute. Réussirez-vous, monsieur le Président, à rester ferme sur ses exigences tout au long du processus ?

Ne nous leurrons pas, les dérives des jeux olympiques ne sont pas seulement en termes de saccages environnementaux. Mon collègue vient de l’exprimer, nous l’avions longuement démontré en juillet. Nul besoin de revenir sur toutes les inquiétudes liées à ce dossier, sociales, sociétales, sportives même. Nous le redisons sans complexes, pour notre groupe, Annecy et son territoire seraient les vrais gagnants de ce concours de beauté mondiale, s’ils perdaient dans le sprint final, et en profitaient justement pour renouveler l’aménagement des sites vers plus de respect de la nature, réorienter le développement économique et sportif et renouer avec la sobriété qui seule préservera la montagne. La vraie victoire à long terme, c’est celle des budgets qui ne seront pas engouffrés dans cette machine à paillettes ingérable. Budgets outrageusement dépassés et bâtiments mal exploités sont les vraies médailles des villes championnes.

Des cliquets de protection pour des zones protégées, pour sauvegarder du foncier agricole, pour mesurer les incidences sur les ressources naturelles (eau, air, biodiversité) ont été imposés au comité de candidature, et nous savons que ce fut parfois très difficile. Cette opiniâtreté et cette fermeté sont tout à l’honneur de notre majorité. Cela ne change pas ni le CIO, ni tous les risques financiers et structurels énormes pris dans le cadre d’une manifestation commerciale, car c’est avant tout un évènement marketing, et nous le savons tous, d’une telle ampleur.

Le vote de notre groupe écologiste ne changera pas, d’autant plus que les contraintes budgétaires sur les collectivités territoriales deviennent chaque mois plus asphyxiantes. Nous manquons cruellement de choix politiques de fond, qui remettent en cause avec détermination le système économique, nos modes de production et de consommation. Ma collègue du Front de gauche l’a dit très bien sur le précédent sujet. Nous ne pouvons pas continuer à pondre les mêmes politiques publiques du siècle dernier en considérant que tout va bien, madame la marquise. Nous avons besoin de changements structurels dans nos choix budgétaires. Nous avons besoin de mettre fin clairement à des investissements publics pour des aménagements de territoires non durables.

Notre Vice-présidente au Tourisme et à la Montagne, Claude Comet, est aujourd’hui au Congrès annuel de l’Association nationales des élus de la montagne. Elle préfère ne pas participer au vote comme elle l’avait fait en juillet dernier pour continuer à suivre ce dossier au côté de monsieur Peizerat en toute neutralité et maintenir la pression pour toutes les dispositions de garanties environnementales. Elle aura le soutien de notre groupe sur cet engagement car sans aucun doute les lobbies économiques de promotions immobilières auront à cœur de modérer nos ardeurs de préservation qui sont autant de petites entraves.

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