Intervention d’Eric PIOLLE sur les orientations budgétaires 2011

Chers collègues,

Le budget n’est pas un exercice technique.

C’est la traduction concrète de nos choix collectifs pour l’argent que les citoyens ont décidé de mettre en commun. C’est l’outil majeur au service de nos politiques régionales.

Je crois que c’est l’opportunité ici de rappeler l’utilité de l’impôt. Ce n’est pas un poids venant plomber l’énergie individuelle, c’est bien ce qui nous permet de développer le bien commun et de vivre en société. C’est bien ce qui nous permet de répondre aux enjeux de solidarité et de responsabilité environnementale, c’est bien cette participation qui nous permet de réguler une économie financiarisée à l’excès et aider les entreprises innovantes !

Nous avons aujourd’hui, avec la présence de la délégation du lycée Mounier, avec le mouvement social qui s’oppose à la contre-réforme des retraites, la confirmation que la politique touche à la vie quotidienne de chaque citoyen.

Une élaboration rigoureuse, innovante et ambitieuse du budget régional, c’est la meilleure garantie de l’intérêt général. C’est promouvoir une utilisation des recettes publiques sur la base de critères et de projets intelligibles par tous les citoyens. En reconduisant une majorité de gauche et écologistes les Rhônalpins ont fait un choix clair, sur un projet clair. L’ambition de notre budget doit donc être la concrétisation de nos engagements.

1) Le contexte

L’élaboration de ce budget se déroule dans un contexte de mise sous pression des collectivités par l’Etat et de raréfaction des ressources financières. C’est d’ailleurs très bien mis en lumière dans la deuxième partie du texte que nous a présenté Jean-François Debat.

Face à cette situation, nous aurions pu faire le choix fataliste d’une très mal nommée « bonne gestion » et des coupes budgétaires qui vont avec. Dans l’attente de jours meilleurs et de l’espoir vain du retour de la toute puissante croissance.

La société a compris ces dernières décennies qu’il ne pouvait y avoir de croissance infinie dans un monde fini. Et que nos indicateurs de développement s’étaient égarés dans la pure création de valeur en occultant la consommation des ressources de la terre en eau, en énergie, en écosystèmes.

L’empreinte écologique et l’indice de développement humain prennent de l’ampleur dans les esprits. Ces indicateurs doivent nous guider dans notre action.

Même ceux qui feignent d’ignorer cela ne peuvent raisonnablement nous promettre un retour à une croissance forte.

Nous ne traversons pas une tempête, nous entrons dans une nouvelle époque.

La responsabilité doit donc nous pousser à anticiper les mutations, et à préparer l’avenir de nos territoires et de leurs habitants à assurer l’emploi et la solidarité par la transformation écologique de l’économie et de la société.

 2) Grâce à un riche travail collectif sur les orientations budgétaires, notre majorité a fait le choix d’une politique positive, offensive et lisible.

Nous avons défini ensemble les 4 priorités qui guideront nos pas.

a)      Pas un jeune de 16 à 25 ans sans un emploi, une formation ou un stage ;

b)      Une transformation écologique de l’économie ;

c)      Un aménagement durable des territoires pour une EcoRégion ;

d)      Une volonté marquée de respecter et faire participer chacun et chacune dans tous les champs de la vie sociale.

Ce prisme traduit bien la volonté des écologistes de pouvoir expliquer en 3min à un Rhônalpin nos compétences, nos moyens, nos choix, et en quoi ces choix aident à la mise en œuvre de notre projet de société.

Nous devrons continuer à ouvrir nos portes et à avoir le souci de permettre à nos concitoyens de se saisir du débat. Ce n’est pas notre budget que nous débattons, c’est le budget des Rhônalpins, nous ne devons jamais l’oublier !

3) Le vrai exercice budgétaire sera double :

  1. Il nécessitera le retour fréquent à notre boussole, notre déclaration commune (socialistes, écologistes et radicaux) d’entre 2 tours, enrichie des contributions du FDG.
  2. Il nécessitera un regard qualitatif porté sur toutes nos politiques. En quoi cette politique agricole, cette politique de transport, cette politique de formation contribue à nous faire avancer dans la direction fixée par ces 4 priorités ?

La mise en œuvre de la déclaration commune reste notre objectif, et notamment le redéploiement budgétaire (5% !) qui, seul, nous permettra de traduire nos priorités resserrées sur le terrain.

C’est tout au long de l’année que nous aurons besoin d’un effort collectif pour appliquer les critères que nous nous sommes donnés pour décider de nos interventions.

5% de redéploiement par an, c’est énorme, cela transformera la tête de notre budget en 4 ans.

Nous inscrivons aussi dans ce texte d’orientation budgétaire, l’objectif de trouver de nouvelles formes de recettes, ainsi que réfléchir aux investissements qui nous permettront de réduire nos coûts dans le futur, notamment dans le domaine de l’énergie.

4)  Le défi de traduire ces objectifs et cet équilibre politique dans le budget.

Dans l’espace contraint qui est le notre, nous devrons faire des choix.

Dans l’exécution du CPER qui peut ou pas nous rendre suiveur du gouvernement, dans le soutien à un enseignement supérieur et une recherche au service des citoyens et des territoires, et ne pariant pas uniquement sur la croyance qu’une innovation et une recherche scientiste sera la solution à tout.

Dans une stratégie de développement économique qui doit répondre aux remontées nombreuses des Rhônalpins et des acteurs de la formation : ils nous font partager leur inquiétude d’un développement économique qui laisse les jeunes et ceux qui sont le moins qualifiés sur le coté.

Dans nos actions en faveur du logement étudiant et du logement en général, au cœur de la vie de tous et du défi climatique.

Dans nos actions pour le développement des transports en commun et des modes doux.

Dans nos actions dans le domaine de l’agriculture, au cœur de notre vision du foncier, de la santé, des circuits courts et de l’emploi.

La vision politique que nous avons construite ensemble, concrète et lisible, est un premier pas fondamental.

La mise en adéquation de notre budget avec ces priorités est le défi que nous abordons ensemble sereinement pour les semaines à venir et pour toute l’année qui vient.

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