Communiqué / Lyon-Turin : patience, les décideurs régionaux ont une solution …aux alentours de 2040
Lyon, le 19 avril 2015 – Ce matin à l’hôtel de Région, le préfet et le président du Conseil régional réunissaient les collectivités territoriales attendues pour cofinancer la section française, ainsi que le nouvel opérateur chargé de la section transfrontalière, Tunnel Euralpin Lyon Turin (TELT). Les élus écologistes ont joué les troubles fête en rappelant l’irresponsabilité qui consiste, par les temps qui courent, à engager 10 milliards d’euros d’argent public dans le chantier, tout sauf prioritaire d’un second tunnel sous les Alpes.
Dans un entre-soi presque parfait, les intervenants se sont succédés pour défendre le grand oeuvre du tunnel de base de 57 km entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse, faisant fi de l’évolution des trafics transalpins depuis 20 ans et des solutions pour favoriser à court terme le transport des marchandises par le rail.
Malgré de belles acrobaties statistiques, les promoteurs du Lyon – Turin ont du concéder un certain penchant pour l’irrationnel et la pensée magique. Ils ont expliqué que le tunnel de base créerait de lui-même « la dynamique territoriale et économique permettant de faire croître les flux de marchandises ». Pour observer la prouesse, ils ont demandé un peu de patience, puisque le tunnel de base devrait être finalisé vers 2030, et qu’ensuite seulement la question des accès depuis Lyon serait posée, ce qui devrait permettre d’offrir un itinéraire opérationnel vers 2040.
Les conseillers régionaux écologistes aimeraient eux aussi que les marchandises patientent jusqu’en 2040, puis montent avec enthousiasme dans les trains qui emprunteront le nouveau tunnel. Ils rappellent simplement que la ligne actuelle par le tunnel du Mont-Cenis récemment rénové permettrait, moyennant des aménagements, de faire transiter en quelques années jusqu’à 20 millions de tonnes fret. Pour Jean-Charles Kohlhaas, président de la commission Transports, « cela suppose une panoplie de mesures pour rééquilibrer la concurrence rail-route, plutôt que la promesse d’une méga-baguette magique pour demain, toujours demain ».
Hélas, pendant que le « grand » projet s’apprête à ponctionner lourdement le budget de l’État, l’autoroute ferroviaire alpine attend sa prolongation, l’éco-redevance poids lourds est dans les limbes, le réseau ferré et les plateformes fret meurent de vétusté. Les villes et les vallées alpines, quant à elle, supportent encore et encore les nuisances du passage des poids lourds. Pour Pierre Mériaux, présent au comité régional, « les promoteurs du Lyon – Turin dans son format actuel m’ont donné l’impression d’avoir basculé dans une faille spatio-temporelle. Il va falloir les sortir de là, car la faille s’étire jusqu’en 2040 ».
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