Formation : les idées toutes faites du Front National
Pour les élus d’extrême droite, la politique de formation n’est qu’un « Club Med » pour les immigrés, et l’école irait mieux si les professeurs enseignaient l’« effort et le mérite » plutôt que de passer leur temps à faire « du syndicalisme ».
La formation tout au long de la vie est l’une des principales compétences du conseil régional. En Rhône-Alpes, c’est Philippe Meirieu (EELV) qui en a la charge.
En la matière, pour une fois, la position du FN est claire : la formation professionnelle des adultes ne doit plus exister. Pourquoi ? Parce qu’elle ne servirait, selon Dominique Martin, qu’aux personnes immigrées à qui on propose « le Club Med (…) toutes options, sauf (…) l’assurance rapatriement » (assemblée plénière d’octobre 2011). Totalement ignorant des réalités, l’extrême droite s’en tient à ce vulgaire amalgame, et y oppose la vision poussiéreuse d’une « école de l’effort et du mérite » que ne connaîtrait pas l’ensemble des chômeurs qui se contente « de profiter de tous les avantages sociaux qui entretiennent l’oisiveté et la décadence de votre société ».
Fainéants
Les élus FN ne manquent pas une occasion de rappeler ainsi leur vision simpliste de l’éducation et de la formation : il y a d’un côté ceux qui travaillent, qui veulent réussir, et d’un autre côté les fainéants, les profiteurs, qui sont généralement d’origine étrangère.
Lors cette même assemblée de la Région, Philippe Meirieu (EELV) a réfuté cette vision réductrice : « Quand des personnes ont été accidentées dans leur vie, accident psychologique, accident professionnel, nul ne peut dire qu’il n’aura jamais d’accident de ce type, nous militons pour que ces personnes aient aussi un droit à entrer dans l’écrit et à vivre dans le monde sans y être traitées en ennemies ni considérées comme un étranger ou une étrangère. »
Illettrisme
Autre cliché brandi, le même jour, par les élus d’extrême droite : l’illettrisme et la faillite de l’Éducation Nationale. « L’Éducation nationale, malgré son armée d’enseignants et avec le premier budget de l’État produit un taux d’illettrisme battant comme jamais des records avec plus de 10 % de la population active », avance Joël Cheval.
Les enquêtes montrent qu’aujourd’hui l’illettrisme n’est pas dominant chez le public jeune, mais que les pics maximum sont chez les personnes de 50 à 70 ans. « Associer l’illettrisme d’une manière aussi caricaturale à l’échec de la formation dans l’Éducation Nationale est non seulement une erreur d’analyse, mais aussi une méconnaissance réelle de ce qu’est fondamentalement l’illettrisme », répond Philippe Meirieu.
Syndicalisme
Mais non content de produire des analyses erronées sur un échec supposé de l’Éducation Nationale, le FN trouve aussi à ces maux supposés une cause parfaitement dans sa ligne idéologique : « Des milliers de professeurs bénéficient de décharges, en fait, pour faire du syndicalisme plutôt que des cours. Si l’on veut bien réduire les coûts des administratifs et des professeurs en décharge pour syndicalisme, si l’on veut bien revenir aux fondamentaux dans les écoles avec des méthodes rigoureuses de bon sens et qui ont fait leurs preuves – et sans vouloir vous viser, M. Meirieu – en arrêtant les expériences pédagogiques catastrophiques, nous pourrons refonder l’école (…) en permettant aux jeunes Français de faire valoir leurs mérites, et en rendant possible leurs projets. » CQFD par Sophie Robert ! Plutôt que de passer tout leur temps à ne faire que « du syndicalisme », les professeurs devraient faire leur métier, c’est-à-dire tirer les oreilles des enfants qui font des pâtés avec leur porte-plume, et la France serait sauvée de la décadence.