Les élus du Front National, des « avocats des contribuables » ?

Le Front National est allergique à toute forme de dépense publique… sauf quand il s’agit d’assurer la tranquillité des vrais bons Français contre les immigrés.

En bon parti populiste, le Front National se dit « avocat des contribuables » (Joël Cheval, assemblée plénière de mars 2012). Cela consiste à dégainer son revolver dès qu’il entend le mot « dépense ». Qu’il s’agisse d’une dépenses en faveur de l’équipement, de l’investissement, du fonctionnement, de l’aménagement du territoire, de l’embauche ou de la solidarité, la dépense publique est mauvaise par essence parce qu’elle « plume le contribuable », selon leurs termes (assemblée plénière de mai 2012).

Lapidation fiscale

En effet, en matière fiscale, le champ lexical frontiste ne connaît ni pudeur, ni retenue. Ainsi, en assemblée plénière, on a entendu parler de « lapidation fiscale » (Bruno Gollnisch, assemblée plénière de décembre 2011).

« La vache à lait, la vache à traire, c’est la classe moyenne : ce sont les faibles, ceux qui souffrent sans rien dire, mais qui n’en peuvent plus. Et que vous faites crever ! », geignait en octobre 2011 Gabriel de Peyrecave à propos d’une majoration de la TIPP qui ajoute 1,5 centime d’euro par litre d’essence en moyenne, tandis que 19 autres régions françaises sur 22 appliquent le maximum de 2,5 centimes, affectés à de grands projets d’équipement.

Car pour le bon sens populiste, un sou est un sou. Ainsi, en décembre 2011, Liliane Boury proposait de réduire le budget « culture » de 40%, qu’elle convertit, pour l’exemple, en « 25 796 paniers hebdomadaires ménagers moyens ».

Haine des associations

Au final, on se demande si les collectivités ne devraient pas pour eux cesser toute action et laisser le territoire géré à 100 % par la loi de l’offre et de la demande : transports, lycées, formation, aménagement du territoire sont autant de politiques inutiles aux yeux de ce parti.

Et quand la dépense s’applique aux domaines qu’ils haïssent, comme l’environnement, la coopération solidaire, les associations, la hargne redouble. « La ligne « écoresponsabilité » doit être encore réduite, sachant que les questions environnementales sont souvent accaparées par des associations plus partisanes qu’indépendantes », demandait Christian Grangis lors de l’examen du budget 2012.

Par une litanie d’amendements, le FN dit et répète que la Région devrait réduire ses effectifs, y compris ceux des personnels de terrain qui travaillent sur le développement local, laissant entendre clairement qu’il s’agit d’emplois de complaisance (« postes de clientèle » selon Christian Grangis, toujours en décembre 2011).

La sécurité des « Français »

Il n’y a qu’une seule et unique dépense qui vaille aux yeux du Front National : « La sécurité des Français n’a pas de prix », selon Blanche Chaussat à propos des passages à niveaux (décembre 2011 encore). Celle des Français, bien sûr, pas celle des personnes en général…

Bref, on pourrait imaginer une collectivité administrée par le Front National comme une collectivité sans impôts, mais aussi sans écoles, sans transports, des campagnes sans services publics ; avec des loisirs et une éducation réservées au plus riches… Mais des centres-villes bien propres et rassurés par une présence policière constante.

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