Mali : les ONG et la Région envisagent un avenir pour la coopération

Pour anticiper au mieux sur l’urgence et les défis à venir au Mali, Véronique Moreira a souhaité réunir, le 16 janvier dernier, l’ensemble des ONG rhônalpines présentes sur place.

La Région Rhône-Alpes est engagée depuis 1984 dans une coopération avec la région de Tombouctou. Ces dernières années, elle a appuyé l’action de la trentaine d’associations rhônalpines intervenant sur place. Mais elle a aussi œuvré pour que le Conseil régional local se dote de capacités propres, à même de lui permettre de piloter le développement de ce territoire sahélien.

Au printemps 2012, le coup de force de groupes armés extrémistes religieux a remis en question ces années de travail. L’intervention militaire française a permis d’éclaircir un peu l’horizon, mais aussitôt se pose la question de l’avenir.

Professionnalisme

Véroniques Moreira est vice-présidente à la coopération et à la solidarité internationale

Bertrand Gallet, directeur général de Cités Unies France, a rappelé la gravité de la situation : les événements ont fait fuir près de 300 000 personnes vers les pays voisins et vers le sud du pays. L’État malien n’est pas en mesure de gérer cet afflux de réfugiés.

Or, l’expérience passée montre qu’en s’éternisant, les conflits mettent un terme aux liens de coopération décentralisée : « En Côte-d’Ivoire et au Rwanda, les coopérations ne sont pas reparties après la guerre », rappelle Bertrand Gallet. Déjà privées d’accès à leurs droits fondamentaux, les populations locales sont les premières victimes de ce désengagement.

Presque toutes les associations ont dû se replier au sud. C’est le cas de Misola, qui produit de la farine alimentaire, d’Afrique Verte, qui gérait une banque de semences, ou de Tetraktys, qui a dû mettre un terme à ses projets de mise en valeur touristique. Une des écoles soutenues par l’association Ardèche-Diawanbé-Mali a été vandalisée. Pour autant, tous les représentants présents le 16 janvier ont insisté sur leur volonté de ne pas abandonner le pays, mais au contraire d’amplifier leur action en l’adaptant.

Véronique Moreira a salué « l’engagement, mais aussi le sens des responsabilités et le le professionnalisme » des acteurs rhônalpins de la solidarité internationale. Elle a annoncé que la Région n’entendait certainement pas renoncer à sa plus ancienne coopération, au moment même où celle-ci devient plus indispensable encore : « La Région vous fait confiance, pour votre appréciation des risques comme pour votre capacité à apporter des réponses pertinentes aux défis de l’urgence et du moyen terme ».

Culture de paix

Sur le plan alimentaire, la dernière récolte a été bonne, mais ne permet pas comme dans le reste du Sahel de « faire la soudure » avec la prochaine. Agronomes et vétérinaires sans frontière a souligné l’importance d’une bonne préparation de la prochaine campagne agricole, notamment grâce à un approvisionnement des paysans et des paysannes en semences, carburant et matériel d’irrigation.

Sur le plan sanitaire, Santé Mali Rhône-Alpes a réussi à maintenir une présence dans le district de Niafunké, où l’association appuie la remise en service des centres de santé communautaires.

Enfin, la question de la réconciliation nationale a été longuement évoquée. Tous les intervenants ont insisté sur la nécessité de circonvenir les règlements de compte, et de gérer politiquement les tensions accumulées entre les différents peuples du Nord Mali. « Sur cette question, les élus locaux et régionaux de Tombouctou ont un rôle essentiel à jouer, et se déclarent prêts à l’assumer », souligne Véronique Moreira.

La vice-présidente en est convaincue, l’enracinement d’une culture de paix est une condition sine qua non du développement, sur ce territoire comme ailleurs.

Remonter

UA-25684560-1