Comment la Région Rhône-Alpes se tourne vers les logiciels libres
Jean-Marie Chosson, conseiller régional EELV a œuvré durant ce mandat pour la promotion de l’utilisation des logiciels libres et des formats ouverts de fichiers par la Région Rhône-Alpes, et en Rhône-Alpes. Bilan d’un mandat tourné vers ces biens communs logiciels.
Un an après l’engagement de Rhône-Alpes en faveur des logiciels libres, où en sommes-nous ?
Rhône-Alpes avance désormais dans la bonne direction. Première étape concrète : le déploiement de la suite LibreOffice sur tous les postes de travail de la Région soit environ 2000 postes. Durant quelques mois, la suite bureautique propriétaire Microsoft Office cohabitera donc avec une solution libre, le temps que les agents s’approprient ce nouvel outil. LibreOffice deviendra la suite bureautique de référence de la Région d’ici à l’automne 2015.
Toutefois je regrette l’occasion manquée lors de la fin du système d’exploitation Windows XP qui n’est plus maintenu par Microsoft. Il doit donc être changé. Il y avait là une réelle occasion de basculer sur un système d’exploitation libre type GNU–Linux. La Région a fait à nouveau le choix de Windows pour équiper ses postes de travail à court terme.
C’est dommage.
Pouvons-nous espérer des économies pour la Région en 2015 ?
Nous avons fait baisser de 50% environ les marchés récents passés avec Microsoft. L’économie globale sur le seul logiciel bureautique sera de l’ordre de 200 000€ quand on sait que les licences et mises à jour sont à renouveler régulièrement. Si Windows XP avait été remplacé, comme je le plaidais, par un logiciel libre, nous aurions alors fait des économies bien supérieures.
Toutefois l’argument prix n’est pas le plus important : il s’agit d’abord de mieux maîtriser et sécuriser le système informatique de la région tout en soutenant le développement de véritables « biens communs logiciels ».
La Région tient-elle ses engagements en matière d’interopérabilité et de formats ouverts ?
Il est aujourd’hui important qu’une collectivité n’impose plus un logiciel à ses administrés pour lire ses documents. Par ailleurs garder la maîtrise de ses données, même « ouvertes », est désormais un enjeu très important pour les collectivités. Les données d’un service public doivent être garanties dans le temps et ne doivent pas être dépendantes d’une entreprise privée et de ses logiciels.
La Région va donc prochainement établir une charte de bonnes pratiques en direction de tous ses agents sur ce sujet. Notre objectif c’est que la Région n’émette plus que des documents en formats ouverts d’ici l’été 2015 (pdf et odt par exemple).
Rhône-Alpes doit aussi encourager ses partenaires à lui transmettre leurs documents dans ces formats.
Quel bilan tirez-vous de cette mandature dans le domaine du numérique ?
A force de travail j’ai pu donner une nouvelle orientation dans ces domaines pour la Région. L’administration de Rhône-Alpes est maintenant engagée vers l’usage massif des logiciels libres et des formats ouverts de fichiers.
J’ai peut être un peu sous estimé une forme d’inertie politique et administrative. Mais quand une administration de cette taille s’engage réellement la force d’entraînement peut être importante, notamment en coopérant avec les associations, les entreprises et toute la communauté du libre. Par exemple, les services travaillent désormais avec l’ADULLACT sur la GED, gestion électronique des documents.
Nous travaillons aussi en partenariat avec l’APRIL, à la mise en place d’une rencontre au siège de la Région pour la promotion du libre dans toutes les associations rhônalpines.
La prochaine étape, au début du prochain mandat, sera de mieux intégrer l’usage du libre et des formats ouverts de fichiers dans toutes les politiques de la région, avec par exemple, en interne, le travail sur le poste de travail, mais aussi, en externe, faire progresser l’usage du libre dans les lycées, grosse compétence des régions, sans oublier le monde de l’entreprise, des collectivités locales et du grand public.