Un service public de l’orientation : passer d’une orientation subie à une orientation choisie

Après avoir organisé le Service Public Régional de la Formation à destination des demandeurs d’emploi, Philippe Meirieu met en place, en Rhône-Alpes un Service Public Régional de l’Orientation (SPRO). Objectif : passer d’une orientation souvent subie à une orientation choisie, pour tous et tout au long de la vie.

La démarche préfigurant le SPRO a été expérimentée dans huit territoires pilotes en Rhône-Alpes et sera  progressivement généralisée à partir de janvier 2015. Actuellement 21 réseaux coexistent en Rhône-Alpes sur ce secteur de l’orientation, parfois concurrents sur un même territoire, d’autres zones sont quant à elle désertées par ces services. La Région va désormais faire coopérer ces réseaux et travailler à une couverture équilibrée de l’ensemble du territoire de Rhône-Alpes.

« Que ce soit donc pour les salariés en situation précaire, licenciées ou craignant de l’être, ou pour les jeunes et adultes demandeurs d’emploi à la recherche d’une qualification ou d’un emploi, il faut un « service public d’orientation tout au long de la vie » accessible de manière inconditionnelle, pratiquant un accueil bienveillant et capable ensuite, soit d’accompagner chacune et chacun dans son parcours, soit de passer le relais à ceux qui ont les compétences spécifiques pour effectuer cet accompagnement» explique Philippe Meirieu, vice-président EELV à la Formation tout au long de la vie.

L’orientation n’est pas une gare de triage des plus précaires

Les parcours de vie sont désormais plus segmentés : on change de secteurs d’activité beaucoup plus fréquemment, on alterne les activités qu’elles soient professionnelles ou non, on explore plus longtemps les différentes opportunités qui s’offrent à nous, et la précarité contraint aussi à changer de voie et à réfléchir à de nouveaux horizons. Certains souhaitent qu’on oriente les demandeurs d’emplois ou les jeunes en décrochage vers les « métiers en tension », ces emplois qui ne trouveraient pas preneurs. La démarche de la Région est une alternative  à cette logique.

Pour Philippe Meirieu « Il faut renoncer à concevoir l’orientation professionnelle comme une gare de triage : qui peut croire que tous les problèmes seront résolus quand les demandeurs d’emploi seront – enfin ! – « bien orientés » vers les emplois vacants dans les « métiers en tension » ? Outre que le nombre d’emplois vacants est infiniment moins grand que celui des chômeurs, ceux-là mêmes qui, la main sur le cœur, s’insurgent que les emplois vacants dans l’industrie ne soient pas pourvus « automatiquement » par des chômeurs ne voudraient, ni pour eux-mêmes, ni pour leurs proches et leurs enfants, « bénéficier » d’un tel traitement. »

S’orienter plutôt qu’être orienté

En Rhône-Alpes l’objectif est donc d’accompagner chacun dans son parcours, en offrant la possibilité de construire ses choix, s’il le faut en expérimentant : s’orienter plutôt que d’être orienté.

« Les jeunes en décrochage se remobilisent souvent au contact d’un métier. Nous avons donc mis la découverte des métiers au cœur de la démarche de ce service de l’orientation. S’orienter suppose une recherche et des rencontres. Cela requiert de découvrir des métiers… et pas seulement à travers des fiches techniques, des référentiels de compétences ou même des clips vidéo. Il faut que les métiers s’incarnent sous leurs yeux pour qu’ils puissent, non seulement en avoir une représentation précise, mais aussi – et surtout – en saisir le projet, en comprendre le sens : car c’est la découverte de ce qui « anime » un métier qui permet d’envisager de s’y investir, de décider de s’y engager » conclut Philippe Meirieu.

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