Economie collaborative : avec 1D touch, des Stéphanois inventent le streaming musical équitable
Face aux difficultés de la filière musicale, des musiciens et des diffuseurs recréent ensemble un autre modèle.
En ce début de XXIe siècle, Youtube, Deezer et Spotify semblent constituer l’unique horizon de la diffusion musicale. Avec Internet, le monde de la musique s’est transformé sans réellement trouver de modèle économique satisfaisant pour les artistes. « Aujourd’hui on paie plus volontiers pour les matériels ou les réseaux informatiques que pour les contenus qu’ils transportent, explique Eric Pétrotto, directeur général d’1D touch. Face à cela, d’un côté on a de grosses industries qui parient sur une musique très formatée et une diffusion de masse. De l’autre, des artisans qui défendent une certaine liberté d’expression et une diversité culturelle. Aujourd’hui tous les services de streaming proposent aux artistes indépendants des rémunérations dérisoires. »
C’est pourquoi, en 2010, l’initiative 1D touch est partie de Saint-Etienne. Cette plateforme de streaming équitable est centrée sur les musiques indépendantes. Un réseau de plus de 400 partenaires s’est réuni : artistes, labels, médiathèques, salles de concerts et radios associatives. Chacun des partenaires paie une cotisation pour faire profiter à ses adhérents de découvertes musicales. En effet, la part belle est faite aux artistes indépendants.
Pour accéder à 1D touch, il faut être adhérent d’une de ces structures, ou souscrire un abonnement mensuel. Comme pour d’autres plateformes célèbres, l’abonné peut alors accéder à 35 000 titres à travers son ordinateur ou son smartphone.
C’est une société coopérative qui gère les abonnements collectés sur un principe de transparence : 35 % finance le fonctionnement de la plateforme, 10 % alimentent un fonds d’épargné solidaire, les 55 % restants servent à rémunérer équitablement tous les artistes du catalogue.
« La région Rhône-Alpes a choisi de soutenir 1D touch, car c’est un véritable projet d’économie collaborative : face à ce qui ressemble à l’impasse de la filière musicale, des musiciens et des diffuseurs recréent ensemble un autre modèle », estime Cyril Kretzschmar, conseiller délégué à la nouvelle économie. A terme, 1D touch souhaite passer à 1 million de titres indépendants du monde entier. Elle songe à étendre son réseau à la vidéo au livre, aux œuvres numériques, aux jeux vidéo, avec des milliers de partenaires.