Economie sociale : les salariés de SET sauvent leurs emplois en devenant leurs propres patrons

En reprenant leur entreprise en société coopérative, les salariés prennent en main leur propre avenir et deviennent acteurs de l’économie.

Capteurs infra-rouge, optoélectronique, détecteurs à rayons X… l’entreprise Smart Equipment Technology (SET) fabrique des machines d’assemblage de haute précision pour les composants électroniques. Depuis Saint-Jeoire-en-Faucigny (Haute-Savoie), elle occupe un marché de niche essentiellement tourné vers l’Europe, les pays asiatiques et les Etats-Unis.

Carnet de commandes

En avril 2012, le groupe américano-suédois qui l’avait reprise est mis en liquidation judiciaire, entraînant SET dans sa chute. Une autre multinationale, cette fois américano-singapourienne, dénommée KnS, manifeste sa candidature pour la reprise.

La quarantaine de salariés s’inquiète d’être ballottée de repreneur en repreneur, avec le risque de voir leur savoir-faire et leurs emplois s’évaporer à l’étranger. Leur crainte : que l’entreprise KnS ne s’intéresse qu’à la reprise de la technologie et au carnet de commandes.

C’est pourquoi les trois quarts des salariés décident de s’associer pour monter un projet de reprise sous forme de Scop (Société Coopérative et Participative). Le principe : les salariés deviennent en majorité les associés, des « co-entrepreneurs », et pour certains d’entre eux, élus par leurs collègues, les administrateurs de la société. Les bénéfices y sont répartis dans le souci de renforcer l’entreprise et les emplois.

Mobilisation

Les salariés de SET bâtissent ainsi un dossier de reprise solide, avec fonds propres, banques et garanties. Malheureusement, dans un premier temps, le tribunal de commerce d’Annecy décide le rachat par KnS plutôt que la reprise de l’entreprise en Scop.

Entre-temps, en octobre 2012, le territoire se mobilise. Mairie, Département, Région font connaître leur soutien. Benoît Hamon, alors ministre de l’Economie Sociale et Solidaire, fait le déplacement pour souligner que le modèle coopératif est « plus prudent, et a mieux résisté à la crise ». Fin novembre, la cour d’appel de Chambéry infirme la décision du tribunal de commerce et donne son feu vert pour la reprise en Scop.

37 reprises en scop financées

La Région Rhône-Alpes a soutenu ce projet de reprise d’entreprise par les salariés : elle co-garantit un prêt bancaire à hauteur de 100 000 € et apporte 150 000 € de fonds propres via Transméa, une société de capital investissement créé avec l’Urscop, l’union régionale des Scop.
Aujourd’hui, SET se porte bien. Elle projette le développement de deux nouveaux équipements. « Il y a de nouveaux marchés et de nouveaux projets, et donc un besoin qui est là », précise Pascal Metzger, nouveau PDG de SET Corporation.

Depuis la création de Transméa en 2007, 37 projets ont ainsi été financés pour 2 M€. Cela représente 494 emplois préservés. Le taux de pérennité des Scop est de 70 % à 5 ans.

À la Région, Cyril Kretzschmar a été très actif pour encourager ce modèle : « La reprise d’une entreprise par ses salariés en Scop est une vraie solution quand les entreprises sont en difficulté, ou simplement au moment du départ à la retraite du dirigeant. Les salariés présentent souvent des projets bien ficelés, où la motivation de toute une équipe est acquise, ce qui est un élément déterminant. Ainsi, les salariés peuvent devenir acteurs de l’économie en prenant en main leur propre avenir. »

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