La « Passerelle d’eau de Robec », une épicerie qui redonne confiance en la vie

Pouvoir d’agir du citoyen. La Région soutient la capacité des associations à susciter l’implication des bénévoles et la prise d’initiative.

Sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon, la crise a frappé fort les plus démunis. En six ans, l’épicerie solidaire « La Passerelle d’eau de Robec » a enregistré une hausse de 70% du public en difficulté qu’elle suit. Des personnes à qui il reste moins de 6€ par jour pour vivre quand elles ont payé leurs charges obligatoires.

Mais pour Sophie Robert, fondatrice de l’association, la pauvreté ne se résume pas au manque d’argent : « Recevoir la charité, c’est dur, sachant que l’une des choses les plus importantes quand on est dans la précarité, c’est l’estime de soi. Quand on n’a pas d’emploi on se décourage, on se dévalorise, on s’isole, ce qui mène à des pathologies comme la dépression, la phobie sociale… C’est une spirale infernale ! »

Refus de l’assistanat

C’est de ce constat de refus de l’assistanat qu’est née l’idée d’une épicerie solidaire qui considérerait ses bénéficiaires comme des parties prenantes de l’association. Aux côtés des 431 familles adhérentes en difficultés, 221 adhérents dits « solidaires », simples habitants du quartier, participent à la vie de l’association et peuvent faire leurs emplettes à l’épicerie. 

En effet, les locaux de l’association ressemblent fort à une épicerie bio d’un quartier à la mode. Dans les rayonnages de bois neuf s’étendent des produits bio, écologiques ou du commerce équitable. Sur la droite, un petit comptoir où deux jeunes femmes prennent le café en jetant un œil attentif à l’exposition du moment créée par les adhérents. Une autre partie de l’épicerie, réservée aux plus précaires, propose des produits de première nécessité : sel, farine, pâtes… C’est la mixité des publics qui fait le succès de la démarche.

Epicerie-solidaire-pentes-croix-rousse

Ateliers cuisine, organisation d’expositions, ateliers d’écriture réunissent des personnes en difficultés et des adhérents dits « solidaires ».

Petites victoires

« L’épicerie est un point d’entrée vers l’association, explique Sophie Robert. Quand nous recevons un nouvel adhérent en difficulté, nous lui demandons ce qu’il a envie de réaliser pour que ça aille mieux. Cela lui permet de fixer un objectif raisonnable qui pourrait constituer un petit déclic pour remettre le pied sur une marche. » Parmi les petites victoires envisageables : avoir un logement salubre, obtenir la CMU, régler son ardoise chez le commerçant du coin, passer son permis de conduire, payer des vacances aux enfants…

Ensuite, tout en étant suivi par des travailleurs sociaux, l’adhérent va participer à la vie de l’association : ateliers cuisine, organisation d’expositions, ateliers d’écriture, décoration, stage de gestion d’un budget, sensibilisation à la santé… « Tous les ateliers sont co-construits et co-animés par les adhérents, explique Sophie Robert. On ne sait pas parmi les participants ceux qui sont adhérents bénéficiaires ou solidaires. Ils créent des liens, s’entraident, reprennent confiance en la vie… C’est le lien social qui est structurant ! »

Autre originalité, les adhérents bénéficiaires participent à la gouvernance de l’association : « C’était dur, mais au bout de quinze ans, ils s’impliquent comme administrateurs à part entière », annonce Sophie Robert.

Association ≠ entreprise

La Passerelle a reçu l’appui de la Région à travers différentes délégations, dont celle de Marie-Odile Novelli, vice-présidente à la politique de la ville. « A l’image de La Passerelle, les associations ne sont pas que des producteurs d’activités ou de services pour des bénéficiaires ou des consommateurs, explique cette dernière. C’est pourquoi la Région a choisi de soutenir leur capacité à susciter l’implication des bénévoles et la prise d’initiative. »

– En savoir plus : le site de la Passerelle d’eau de Robec.

– Lire l’intégralité de notre dossier « Vie associative : les écologistes en action »

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