L’énergie bois est écologique, les méga-centrales non
Sans concertation, des centrales électriques fonctionnant à l’énergie bois sont en train de se mettre en place en Rhône-Alpes et dans ses environs. Des installations à faible efficacité énergétique qui risquent d’engloutir toute la ressource sylvicole de la région.
Depuis longtemps, les écologistes soutiennent le bois comme l’une des énergies renouvelables à développer. Toutefois, pour que le bois soit une énergie durable, plusieurs conditions doivent être réunies selon les experts.
Les lieux de consommation et de production doivent être proches, les écosystèmes de la forêt doivent être bien gérés, l’objectif doit être de contribuer à l’autonomie énergétique du territoire local, le process doit assurer l’efficacité énergétique… Plus de détails sur www.raee.org
Des projets de centrales bois énergie de production d’électricité ont été parachutés sur des territoires où existe déjà une filière à l’écosystème encore fragile. Ni les élus locaux, ni les populations ne sont consultés.
En Rhône-Alpes, des projets sont déjà réalisés comme à Pierrelatte, dans la Drôme, où 150 000 tonnes de bois sont consumées chaque année. D’autres sont en cours, comme à Laveyron, toujours dans la Drôme, où l’on prévoit de carboniser 200 000 tonnes de bois par an.
Tout près de là, à Gardanne (Bouches-du-Rhône), la reconversion au bois d’une centrale thermique engloutira 855 000 tonnes de bois par an. Cette matière première ne proviendra pas uniquement de forêts locales, mais aussi de régions limitrophes comme Rhône-Alpes, voire de l’étranger.
«C’est là un véritable gaspillage des ressources naturelles, s’indigne Annie Agier, conseillère régionale. De plus, ce projet pourrait fortement déstabiliser la filière rhônalpine: la ressource risque de se raréfier, le coût de la chaleur bois risque d’augmenter.»
Le rendement de cette centrale sera très faible, de 15 à 35%. En effet, la chaleur produite n’y sera pas récupérée, mais massivement relâchée dans l’air. Ce type de projet est incompatible avec les nouveaux critères qui seront pris en compte dans le cadre du texte de loi sur la transition énergétique.
«Le projet de centrale de biomasse de Gardanne et tous les projets de même nature, sont des prédateurs pour la ressource bois, estime Annie Agier. Les usines biomasse nécessitent la coupe massive de bois, ce qui va à l’encontre de ce qu’on veut promouvoir : une gestion durable, respectueuse des valeurs et usages de la forêt. Ce projet, s’il se réalise, va mettre le feu à toute la filière sylvicole locale. Nous interpellons donc le gouvernement pour repenser ce type de projet, disproportionné et de court terme.»