Parc naturel de la Dombes : « La mobilisation des écologistes paie enfin ! »
Par Alain Chabrolle
Alain Chabrolle, écologiste et naturaliste historique, voit aujourd’hui aboutir un projet dont il rêve depuis longtemps : un parc naturel régional dans la Dombes.
La Dombes est un territoire merveilleux. C’est la troisième et dernière grande région continentale de zones humides non seulement en France, mais en Europe. C’est une halte majeure des oiseaux migrateurs entre l’Europe du Nord et l’Afrique.
C’est aussi un territoire de combat pour les naturalistes et les amoureux de la Dombes depuis 40 ans. Ce combat a été initié et mené par Philippe Lebreton, l’un des pionniers de l’écologie politique en France aux côtés de René Dumont. C’est également un combat historique d’Europe Ecologie – Les Verts dans l’Ain.
Personnellement, je parcours la Dombes depuis 40 ans. J’y ai effectué de nombreux travaux scientifiques et j’ai un profond attachement à ce territoire. Comme tous mes collègues de l’Ain, je mesure particulièrement le poids des différents groupes d’intérêt à l’œuvre dans la Dombes.
Nous y menons des combats incessants contre la monoculture du maïs et l’impact des produits chimiques qui y sont liés. Pour cette raison, les herbiers qui au bord des étangs hébergeaient une multitude d’invertébrés ont disparu. Ces invertébrés nourrissaient une faune très riche, dont les gibiers d’eau qui ont en grande partie disparu. Résultat : il n’y a plus en Dombes de chasse traditionnelle. La chasse devient un créneau pour quelques propriétaires fonciers qui louent leurs terrains pour des battues aux sangliers. Ces sangliers prolifèrent, précisément, grâce à la nourriture abondante laissée par la culture du maïs.
Le Parc est une chance pour briser ce cercle préjudiciable à la pérennité de la Dombes. Il contribuera à retrouver une riche biodiversité, qui servira de base à d’autres activités : une chasse attentive à la préservation de la faune, le tourisme, la pisciculture, l’agriculture paysanne…
Nous nous battons aussi contre l’urbanisation non maîtrisée. La Dombes est dans l’orbite de Lyon et ses villages, où la vie associative et sociale est riche, courent le risque de se transformer en cités-dortoirs. Le Parc est une chance pour créer une véritable concertation pour un développement urbain choisi, soucieux de développer l’économie locale et le lien social.
Nous avons particulièrement porté ces combats dans le cadre du projet de réserve naturelle régionale de la Basse Vallée de l’Ain et les derniers contrats de rivière de la Veyle et de la Reyssouze.
Nous avons réussi à mobiliser, petit à petit, avec beaucoup de difficultés, suffisamment d’élus pour s’engager dans l’association de préfiguration du Parc naturel régional. Ce n’était pas acquis. La tâche est très complexe car le futur parc doit aussi contribuer à la simplification administrative locale.
Nous plaçons notre confiance dans les élus locaux pour faire avancer ce projet. Toutefois, nous devons leur manifester notre soutien à maîtriser des lobbies particulièrement actifs et regroupés dans l’Ain. Ces lobbies veulent préserver un modèle obsolète qui pourrait faire de la Dombes une terre stérile, une grande banlieue-dortoir de Lyon. C’est pourquoi nous affirmerons notre vigilance en prenant soin de ne pas nuire à la dynamique enfin créée.