Pavillon de Shanghai : de l’argent public au service d’une illusion
Construit pour l’exposition universelle de 2010, le pavillon de Rhône-Alpes se retrouve désormais isolé au milieu de nulle part et continue de coûter cher à la Région. Un journaliste s’est rendu sur place et confirme les craintes portées dès l’origine par le groupe écologiste régional.
Vincent Longchampt, journaliste de l’hebdomadaire Tribune de Lyon, s’est rendu à Shanghaï pour s’enquérir de l’usage qui est fait du pavillon vitrine de la région Rhône-Alpes à l’exposition universelle de Chine en 2010.
Construit à l’initiative du conseil régional, le bâtiment a mobilisé plus de 6 millions d’euros d’argent public pour sa construction et continue à coûter 750 000 euros par an, à travers un montage financier opaque impliquant Entreprise Rhône-Alpes International (Erai), le bras armé de la Région.
Une fois l’exposition passée, une grande partie des autres pavillons ont été détruits, et le l’« espace Rhône-Alpes » se retrouve isolé au milieu d’un « véritable no man’s land », selon l’expression de Vincent Longchampt. Il était censé servir à la fois de vitrine pour la gastronomie régionale et de pépinière pour les entreprises de Rhône-Alpes souhaitant s’implanter en Chine. Or, selon le journaliste, les deux tiers de la surface de bureaux sont vides, et le restaurant d’application de l’Institut Paul-Bocuse qui y est implanté n’attire pas les foules.
Depuis l’origine du projet au milieu des années 2000, les conseillers régionaux du groupe vert, puis EELV, se sont opposés à la construction de ce pavillon qui, selon l’actuel co-président du groupe Eric Piolle, cité dans l’article, « est le symbole de l’argent public gaspillé à la gloire d’un [hypothétique] rayonnement [international de la Région] ».
Malgré leur vote négatif, le groupe PS de la Région a constitué une alliance de circonstance pour faire passer le projet avec le groupe UMP, pourtant toujours prompt à fustiger comme gabegie des politiques souvent utiles.
Devant le coût exorbitant de ce pavillon qui continue à constituer une charge inutile pour la Région, les élus EELV maintiennent la pression. En janvier 2013, le groupe a déposé un amendement budgétaire demandant la vente pure et simple du pavillon. Une fois de plus, l’amendement a été repoussé par une alliance PS-UMP, avec la justification suivante : « la Région ne peut pas vendre, elle n’est pas propriétaire ». Cependant, les élus EELV ont ainsi obtenu un engagement du conseil régional pour limiter le gaspillage dans les prochaines années, par la voix du vice-président PS Jean-Louis Gagnaire : « Il est clair que l’on va partager les charges avec d’autres structures ; l’espace Shanghai de la Région est ouvert évidemment à d’autres structures, à d’autres Régions aussi, en tout cas des entreprises d’autres régions qui vont payer pour être présentes », rappelle le procès-verbal de l’assemblée.
« Personne n’a encore compris par quel montage obscur la Région a déboursé plus de dix millions d’euros d’argent public pour un bâtiment dont elle n’est pas propriétaire, estime Eric Piolle. Ce pavillon est l’un des grands projets inutiles de la Région qui, si on les met bout à bout, totalisent des millions d’euros qui pourraient être mis au service des Rhônalpins et mettre en œuvre une véritable transition écologique et solidaire »