« Palmarès des lycées » : la qualité par la formation et non par la sélection !

 Philippe Meirieu et Monique Cosson estiment nécessaires la mise en place de critères de classement des lycées plus qualitatifs que la simple réussite au bac : prévention du décrochage et du redoublement, taux de réorientation en seconde, éducation à la santé et à la citoyenneté, pratiques artistiques…

C’est le printemps, la période où paraît le palmarès des lycées de France : dans chaque département, dans chaque ville on commente les chiffres. Comme le dit en conclusion l’article du Progrès de ce jeudi 28 mars, « globalement  les plus sélectifs tiennent le haut du tableau. D’autres, moins élitistes, plus accueillants pour les redoublants, sont moins bien placés. »

Ainsi, ce n’est pas d’un palmarès de la réussite au baccalauréat dont nous avons besoin mais d’un état des lieux des établissements qui permette de comprendre comment les  jeunes trouvent leur place et construisent leur projet, comment ils trouvent ou retrouvent le goût d’apprendre, collaborent entre eux et avec leurs enseignants. Nous voulons que la priorité soit donnée à la qualité de l’accueil et de l’accompagnement des élèves… Car nous savons bien qu’il est facile de se trouver en haut du palmarès : il suffit d’une « bonne » politique de sélection à l’entrée et d’un darwinisme éducatif débridé tout au long de la scolarité afin que « seuls les plus adaptés survivent ».

Les conseillers régionaux d’EELV ne veulent pas que, dans les lycées de la Région, le classement des établissements, tel qu’il existe aujourd’hui, renforce la compétition, la sélection, le consumérisme. C’est pourquoi nous avons besoin de critères, d’indicateurs qui permettent de repérer les actions de remobilisation, de prévention d’un décrochage lié à une orientation par défaut, en lycée professionnel notamment. Nous avons besoin de mieux connaître les actions qui ont permis de faire baisser le taux de redoublement comme le taux de réorientation en seconde. Nous voulons que les lycées s’engagent sur d’autres bases que la seule réussite au baccalauréat ; nous voulons qu’ils forment les délégués d’élèves, mettent en place les Comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté, promeuvent l’autonomie documentaire, développent les pratiques artistiques, encouragent les comportements éco-responsables… Nous ne voulons pas laisser s’installer un « pilotage par les résultats » qui creuse systématiquement les écarts. Nous ne voulons pas qu’un seul lycée de la Région puisse se prévaloir de bons résultats chiffrés dans un quelconque palmarès en étant indifférent à son « taux de mortalité scolaire ».

C’est pourquoi les conseillers régionaux d’EELV œuvrent et œuvreront pour que la politique de la Région envers les lycées encourage l’innovation pédagogique et contribuent à la démocratisation de l’accès aux savoirs comme au développement de la citoyenneté. 

Monique Cosson, conseillère régionale de Rhône-Alpes, présidente de la commission Lycées.

Philippe Meirieu, vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes, délégué à la formation tout au long de la vie.

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