Coopération décentralisée : développer la conscience d’une citoyenneté mondiale

A l’initiative de Véronique Moreira (EELV), la Région rénove et structure la politique de coopération au développement. Elle privilégiera les projets d’innovation sociale et environnementale. A son échelle, elle montrera l’exemple en favorisant une culture de la paix et des droits humains et appellera Etats et communauté internationale à respecter leurs engagements.

La plupart des régions de France font ce qu’on appelle de la coopération décentralisée. Au-delà de coopération d’Etat à Etat, il s’agit pour des collectivités plus locales de pays développés et de pays en développement de monter des projets communs d’aide au développement.

Rhône-Alpes mène ce genre d’actions depuis plusieurs années avec des régions du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest, d’Asie du Sud-Est, d’Amérique du Sud… Aujourd’hui, la Région dessine une ligne plus forte à cette politique en proposant une délibération-cadre qui structurera son action. C’est la première fois qu’une région se dote d’une telle politique.

« La communauté internationale s’était fixé des Objectifs du Millénaire pour le Développement afin de réduire notamment de moitié la faim et l’extrême pauvreté d’ici 2015, rappelle Véronique Moreira. Ces objectifs ne seront pas atteints car les engagements pris ne sont pas respectés par les Etats du Nord qui ont la capacité financière de le faire. A son échelle, Rhône-Alpes doit contribuer à renverser la tendance en montrant l’exemple. »

UNE VISION ÉCOLOGISTE

« Nous souhaitons privilégier des projets d’innovation sociale et environnementale, explique Véronique Moreira. C’est une vision typiquement écologiste. » Déjà, des projets de ce type sont menés par la région. En Equateur, elle participe à l’initiative Yasuni à travers un fonds innovant pour la forêt amazonienne. Au Ferlo, au Sénégal, elle intervient en faveur des éleveurs nomades aux prises avec la sécheresse et la désertification. En Ukraine, elle soutient les travaux du professeur Bandajevski dans ses démarches d’évaluation des soins et des conditions de vie en territoire contaminé par l’accident de Tchernobyl. 

GENRE ET DÉVELOPPEMENT

Véronique Moreira souhaite aussi mettre en place une chaire des biens publics mondiaux : eau, forêt, biodiversité, genre, gouvernance. En effet, une politique écologiste investit aussi le champ sociétal. L’approche « Genre et développement » consiste à prendre en compte la répartition des rôles et des activités des femmes et des hommes dans les projets pour tendre vers un équilibre des rapports de pouvoir. La Région soutiendra donc des actions en faveur des femmes. « Nous souhaitons promouvoir au Sud comme au Nord une culture de la paix et des droits humains », explique Véronique Moreira. 

METTRE LES ONG EN RÉSEAU

En Rhône-Alpes, de nombreuses ONG oeuvrent déjà pour la solidarité internationale. La Région souhaite rendre leur travail plus lisible en donnant des priorités à son soutien : culture de paix, biens publics mondiaux, action humanitaire, éducation à la citoyenneté mondiale, formation des acteurs. 

« Plutôt qu’un simple financement, nous souhaitons encourager les ONG à se mettre en réseau afin que leur action gagne en visibilité au Nord et qu’elles puissent jouer un rôle d’éducation à la citoyenneté mondiale. » Ainsi, la Région favorisera l’éducation au développement à travers des événements, des colloques, des actions de commerce équitable…

LABORATOIRES

Au-delà des ONG classiques, Véronique Moreira imagine de véritables coopérations entre acteurs de la société civile au Nord et au Sud. C’est déjà le cas en Tunisie où la Confédération paysanne de Rhône-Alpes planche sur un projet de formation d’animateurs pour les organisations paysannes locales. Les syndicats du Conseil régional pourront eux aussi être impliqués pour travailler avec leurs homologues tunisiens sur le droit du travail, la sécurité sociale…

« Toutes ces initiatives pionnières ont vocation à être exemplaires afin d’essaimer du niveau régional vers le niveau national, explique Véronique Moreira. Ce sont de véritables laboratoires  qui pourront servir de référence le jour où l’engagement financier des Etats en faveur du partage des ressources et de l’équité sera respecté. »

 

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