Intervention de Belkacem Lounès sur la Stratégie Régionale de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation

Monsieur le Président, chers collègues,

Notre groupe soutient avec enthousiasme les politiques et les dispositifs régionaux en matière d’enseignement supérieur et de recherche quand ils promeuvent une vision de l’éducation et de la science autonome, de qualité, allant dans la logique du service public et de l’équilibre territorial, quand ils améliorent les conditions de travail des chercheurs et des conditions d’apprentissage et de vie des étudiants. Par contre, nous restons vigilants sur le fait que les politiques régionales n’accompagnent pas financièrement certains égarements de la politique de l’Etat comme les prétendus « investissements » dits d’avenir, comme s’il existait des investissements du passé ? et qui confortent notamment, l’énergie atomique au moment où d’autres pays comme l’Allemagne sortent définitivement du nucléaire.

C’est parce qu’elle est tournée vers un avenir qui prend en compte les grands enjeux scientifiques, culturels, économiques, sociaux et environnementaux que nous tenons à rappeler que nous soutenons la stratégie régionale de l’enseignement supérieur et de la recherche et notamment les dispositifs dont la mise en œuvre nous est proposée par le biais de la présente délibération.

Ces dispositifs existaient déjà dans l’ancienne mandature et étaient salués par la communauté scientifique car ils allaient dans le sens d’un soutien appuyé à leur travail. Nous nous réjouissons de voir qu’ils sont poursuivis, renforcés et parfois améliorés par le biais des règlements que nous allons voter aujourd’hui.

L’université citoyenne et solidaire, par exemple, est un dispositif qui a su évoluer pour intégrer encore mieux les territoires et les populations encore trop éloignés de l’université. De manière générale, nous encourageons toute initiative qui renforce le dialogue entre université et société civile. C’est pourquoi nous appuyons aussi les Centres de culture scientifique, technique et industrielle car ils contribuent à favoriser la formation et l’éveil des enfants et plus largement du grand public, à l’esprit critique et à la culture scientifique. C’est grâce à des initiatives de ce genre que nous pourrons aller vers une société de plus en plus émancipée qui sait s’interroger et débattre de tous les sujets sans éluder les controverses et débats, qu’ils soient scientifiques, politiques, moraux, ou autres.

Dans l’évolution des clusters recherche en communautés de recherche académique, nous sommes satisfaits du maintien des projets CIBLE car ils permettent une recherche dynamique et parce qu’ils donnent une place de choix à la recherche fondamentale.  Parce qu’elle n’est pas rentable, en tout cas pas à court terme, cette recherche est de plus en plus délaissée par les politiques actuelles de l’Etat, ce qui impose à notre Collectivité un effort soutenu en faveur de cette recherche qui vise à élargir le champ des connaissances scientifiques dans tous les domaines. Et, bien entendu, nous ne pouvons également que soutenir la politique volontariste de la Région en faveur des jeunes chercheurs par le biais des allocations doctorales de recherche et des post-doctorats.

Plus généralement, nous soutenons le Conseiller Spécial dans sa volonté de laisser à la communauté scientifique une grande latitude et un champ d’intervention important dans l’élaboration de ces dispositifs. Nous profitons d’ailleurs de cette délibération pour saluer le fait que la Région affiche sa confiance envers les usagers de ses politiques dans leurs domaines d’expertises et souhaitons que cela soit élargi à d’autres politiques régionales. Cependant, nous regrettons que le dialogue entre politiques et scientifiques n’ait pas été plus prononcé. Sans remettre en cause la démarche entreprise jusqu’à présent, nous souhaitons donc rééquilibrer un peu les choses afin que le regard politique ait aussi sa place légitime dans ces élaborations.

Enfin, comme le disait récemment Christian Topalov, sociologue français, trois malheurs accablent aujourd’hui les SHS : « la précarisation des conditions de recherche, la destruction de la gestion collégiale des institutions, l’asservissement de la science ». Et ceci peut être étendu à la recherche fondamentale. Face à ces menaces, nous pensons que c’est le devoir de la Région que de leur apporter un soutien particulier pour contrecarrer les tendances court termistes des politiques gouvernementales. Tout en tenant compte des contraintes budgétaires, nous pensons que la vocation des pouvoirs publics, c’est surtout de préparer l’avenir du pays à long terme.

En conclusion, nous approuvons cette délibération qui, selon nous, va dans le sens d’un soutien fort à la communauté académique mais nous proposons quelques amendements avec nos collègues du Front de Gauche ou en lien avec l’exécutif pour rectifier quelques aspects négligés lors de ce processus d’élaboration de ces règlements et pour nous assurer du rôle plein et entier de notre Assemblée aux côtés de la communauté scientifique pour mettre en place une collaboration constructive au cours des années à venir de la stratégie.

Je vous remercie.

 

 

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