Intervention d’Elvan Uca sur le plan régional en faveur des jeunes pour le raccrochage en formation et pour l’emploi

Monsieur le Président, Chers collègues,

Comme cela l’a déjà été répété plusieurs fois lors de cette séance, la situation des jeunes sans qualification est grave. Près de 100 000 jeunes de 16 à 25 ans sont en « errance », c’est-à-dire sans lien avec une quelconque structure ou un quelconque organisme. La plupart n’ayant pas de diplôme ou seulement un diplôme minimal. Ils sont environ 10 000 à sortir du système scolaire sans diplôme chaque année.

Alors que depuis des années, l’Etat annonce l’objectif d’amener la totalité de nos jeunes à être diplômé au moins à un niveau minimal ainsi que 80% d’une classe d’âge à avoir au moins le bac, nous ne pouvons que constater l’échec de cette politique.

Cette crise de notre système éducatif a été maintes fois étudiée, analysée, expliquée. Pour ne citer qu’un exemple, je voudrais rappeler le rapport du Conseil Economique et Social Régional de Rhône-Alpes sur les actions de prévention du décrochage scolaire en 2006. Ce rapport montrait combien le décrochage scolaire est un phénomène complexe lié à de multiples facteurs dont l’échec de la démocratisation du système scolaire, les difficultés économiques et sociales qui nuisent à une partie de plus en plus importante de la population, notamment les jeunes, une inadaptation des rythmes scolaires imposés à tous, de la maternelle au lycée, des conditions de travail à l’école mais également des difficultés de l’orientation.

La Cour des Comptes est allée dans le même sens pointant que l’Education nationale est plus occupée à réduire ses moyens financiers et humains qu’à favoriser l’apprentissage de tous ses élèves. Elle propose donc une adaptation locale afin de se mettre au plus près des besoins identifiés clairement et des difficultés diverses des jeunes.

Les rythmes scolaires et les réponses aux élèves en difficulté tout au long du chemin scolaire sont à revoir, le système actuel est figé. La souplesse, l’innovation locale sont nécessaires pour aider chaque élève à trouver une place et une voie au cours de sa scolarité et dans son orientation.

Face à ce constat, les mesures nationales se sont multipliées :

–          Etablissements publics de réinsertion scolaire

–          Internats d’excellence

–          Loi contre l’absentéisme scolaire entraînant la suppression des allocations familiales,

–          Etc.

Mais ces réformes ne répondent pas aux problèmes du décrochage scolaire qui augmentent, chaque année, en lien avec les coupes claires que le gouvernement fait dans l’effectif des professeurs. Et ces réformes se succèdent sans jamais avoir été évaluées. Ce sont des effets d’annonce qui réagissent à l’actualité sans répondre aux problèmes de fond et entraînent un amalgame néfaste entre « décrochage scolaire » et « délinquance juvénile » !

Des pratiques collectives, éducatives et pédagogiques permettent des expériences innovantes face au décrochage scolaire. Je souhaite citer ici le Collège Lycée Elitaire Pour Tous (CLEPT), hébergé au sein du lycée Mounier, qui est une expérience très riche qui aide, chaque année, une centaine de jeunes à découvrir, à retrouver un chemin vers le désir et le plaisir d’apprendre, à créer des relations  de vie et de travail avec les professeurs engagés.

Notre Région s’inscrit dans une logique d’aide individualisée aux jeunes en difficulté. Elle avait déjà initié, dès 2008, un plan régional de lutte contre le décrochage (compétence et responsabilité de l’Education nationale) en direction des élèves fragiles. Grâce à ce plan, des actions ont pu être menées pour remotiver les jeunes, les accompagner vers un parcours singulier, vers une orientation, vers une formation, vers un emploi. La tâche est ambitieuse mais s’appuie sur un travail de solidarité au quotidien.

La délibération que vous proposePhilippe Meirieua pour vocation de réactualiser cette volonté de la Région et de s’impliquer dans le raccrochage en formation et pour l’emploi. L’objectif visé est ainsi d’identifier les jeunes « décrochés » pour leur permettre de s’inscrire à nouveau dans un processus de formation ou d’emploi. Les raccrocher grâce à la collaboration d’un couple de partenaires associés autour d’un projet d’accompagnement pour remobiliser leurs potentialités, enfouies ou oubliées.

Cette délibération maintient une observation et un suivi des appels à projets et souhaite permettre la mobilisation des CTEF.

Notre groupe salue cette délibération qui va dans le sens de nos valeurs de solidarité et de démocratisation de l’enseignement et de la formation. Il s’agit aussi, au-delà de maintenir nos jeunes dans le système scolaire, de leur permettre de devenir des citoyens actifs et des acteurs travaillant collectivement aux réponses à apporter aux défis sociaux économiques et environnementaux que nous devons relever.

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