Avril 2011
L’assemblée a été marquée par des avancées très importantes, notamment en matière de formation, de coopération internationale et de culture. Si des échanges vifs ont émaillé les débats sur le processus de décision d’attribution des aides au cinéma, les élus écologistes se félicitent que leurs partenaires aient fait un pas dans leur direction sur la sortie du nucléaire.
FRONT NATIONAL : TOUS UNIS CONTRE L’IDÉOLOGIE NAZIE
Voici quelques semaines, la presse a publié une photo montrant un jeune conseiller régional rhônalpin du Front National, Alexandre Gabriac, faisant un salut nazi devant un drapeau à croix gammée.
Indignés, les groupes de la majorité ont écrit au Garde des Sceaux. A l’ouverture de l’assemblée, ils ont demandé une suspension de séance pour exprimer leur indignation et fait une déclaration commune par la voix de la benjamine de la majorité, Sarah Peillon. Lire la déclaration commune de la majorité…
« Il n’était pas question de faire de la publicité au Front National en le montrant du doigt, ni d’en faire notre interlocuteur, explique Alexandra Cusey, co-présidente du groupe écologiste. Il était encore moins concevable de nous taire ! Nous avons donc choisi de conduire ensemble une action symbolique et sobre. »
Exprimant son « refus de voir renaître d’une façon ou d’une autre cette idéologie », le président de la Région a saisi le procureur de la République de Grenoble. La justice devra déterminer si cette photo est authentique et prendre des sanctions le cas échéant.
SERVICE PUBLIC RÉGIONAL DE LA FORMATION : DU DÉCROCHAGE AU RACCROCHAGE
Philippe Meirieu, vice-président écologiste délégué à la formation tout au long de la vie, a présenté plusieurs délibérations dans le cadre du Service public régional de la formation. Objectif général : plus un seul jeune de 16 à 25 ans sans une formation, un emploi ou un stage. Pour cela, Philippe Meirieu clarifie toute l’offre de formation en proposant un véritable parcours et un suivi de chaque personne formée. Après un premier volet voté à l’automne, c’est la deuxième étape de ce très grand chantier.
« Cette logique, au cœur du projet écologiste, cherche à rendre chacun capable de faire ses choix pour construire son propre parcours de vie, explique Philippe Meirieu. Nous voulons permettre à chacun de devenir œuvre de soi-même. » Lire le communiqué du groupe…
Lire ce document pour comprendre le service public de la formation
Parmi les délibérations votées jeudi, l’une concerne le raccrochage en formation. Lycées, centres sociaux, MJC, aux centres d’apprentis pourront travailler ensemble dans le cadre d’un dispositif régional pour donner une formation aux quelque 91 000 jeunes rhônalpins qui ont décroché du système éducatif et se retrouvent en situation d’errance. Une autre délibération simplifiera le parcours des candidats à la validation des acquis de l’expérience.
Lire l’intervention de Jeannie Tremblay sur le service public régional de la formation…
Lire l’intervention de Monique Cosson sur le raccrochage en formation…
Lire l’intervention de Véronique Rousselle sur la validation des acquis de l’expérience…
YASUNÍ : UN PREMIER PAS VERS UNE RESPONSABILITÉ ÉCOLOGIQUE PLANÉTAIRE
En décembre, le Front de gauche avait déposé un amendement budgétaire dans ce sens. Sous l’impulsion des vice-présidents écologistes Véronique Moreira et Alain Chabrolle, la Région vient de voter son soutien à un projet de protection d’une zone de biodiversité essentielle en Equateur, grande comme deux départements français. Il s’appuie sur le principe onusien de « responsabilité commune mais différenciée », c’est-à-dire de partage équitable des responsabilités écologiques entre le Nord et le Sud.
Voici un mois, les conseillers régionaux écologistes écrivaient au président de Région afin de lui demander que les politiques de coopération de la Région soient à l’écoute des peuples. Ils pensaient notamment au peuple tunisien qui s’était soulevé pour plus de justice sociale et pour un Etat de droit. La délibération sur le projet Yasuni est aussi rédigée dans cet état d’esprit, car elle prévoit 100 000 euros pour financer des opérations qui permettront de consolider et mettre en valeur le mode de vie des peuples autochtones.
En savoir plus sur le projet
« Pour ces peuples, le Plan de vie est un cadre d’orientation s’appuyant sur le renforcement de ses connaissances ancestrales, le bon usage de la Terre et de ses ressources, une organisation sociale harmonieuse pour parvenir au bien vivre, ceci s’appuyant sur des programmes de santé, d’éducation et de gestion des ressources de la forêt », explique Alain Chabrolle. Lire son intervention…
Lire l’intervention de Véronique Moreira…
SÛRETÉ DES CENTRALES : SORTONS DU NUCLÉAIRE !
Tous les groupes de la majorité régionale se sont associés aux écologistes autour d’un vœu demandant un renforcement de la politique de sûreté nucléaire. Les principales demandes : fermeture des centrales qui ne répondent plus aux normes, réintégrer la sous-traitance pour l’entretien des centrales, réalisation d’une étude épidémiologique de grande ampleur.
« Notre avenir et celui de la planète exigent que nous prenions le temps d’élaborer ensemble une révision complète des politiques énergétiques, insiste Annie Agier. Ce choix est éminemment politique. Il demande de sortir de certains raisonnements du passé, qui sont devenus des ornières mentales. » Lire son intervention…
Alain Chabrolle, vice-président à la santé et à l’environnement, a demandé à ce que la Région soit associée à l’audit de sûreté nucléaire. « Que dire encore des comprimés d’iode périmés depuis 2007 et des stocks insuffisants ? L’association des Maires s’en est émue dans l’Ain, pour la vieille centrale du Bugey. Tout est prévu, circulez. Il n’y a rien à voir ! » Lire son intervention…
« Clairement, avec ce vœu, les trois partenaires de la majorité ont fait un premier pas en direction des positions écologistes, estime Alexandra Cusey. Cependant, ils doivent encore opérer un changement radical de culture pour comprendre que la seule solution est d’organiser la sortie définitive du nucléaire. »
Aussitôt après la survenue de l’accident de Fukushima, les élus écologistes de tout Rhône-Alpes avaient écrit au préfet de région pour demander la tenue d’une conférence régionale dans un but de transparence. A ce jour, ils n’ont reçu aucune réponse.
RHÔNE-ALPES CINÉMA : PLUS DE TRANSPARENCE DANS LES POLITIQUES CULTURELLES
La convention de la Région avec Rhône-Alpes Cinéma avait été cassée en justice parce qu’elle laissait à cette société des choix qui relevaient de la compétence politique régionale. C’est pourquoi, à l’occasion du vote de la nouvelle convention, les élus écologistes souhaitaient restaurer la légalité, la transparence, et la place légitime du politique aux côtés des experts artistiques.
« Il s’agit, pour les élu(e)s écologistes, de faire reconnaître qu’une politique culturelle publique ne se réduit ni à une expertise ni à une politique artistique et que le dialogue et la transparence ne sont pas des dangers pour la liberté artistique. Ils sont le gage d’un pas vers une plus grande démocratie culturelle », a expliqué Catherine Herbertz. Lire son intervention…
Cependant, les jours précédents ont été marqués par une campagne de discrédit à l’encontre de cette position par le président qui a crié à la censure. Le dossier a d’ailleurs donné lieu à une passe d’armes entre lui et l’écologiste Etienne Tête.
« Nos partenaires ont fait monter la pression médiatique afin de passer cette convention en force, raconte Alexandra Cusey. Malgré quelques avancées en termes d’objectif et de suivi, nous n’avons pas réussi à convaincre nos partenaires de la nécessité de la transparence et du dialogue entre les spécialistes de la production cinématographique et les représentants des électeurs. Malheureusement, nous ne sommes pas aux commandes sur ce dossier. »
Au final, « ne voulant pas bloquer le financement de Rhône-Alpes Cinéma, ce qui l’aurait mis en danger », « ne voulant pas courir le risque d’une alliance de circonstance involontaire avec des censeurs d’extrême droite », les élus ont retiré leurs amendements, laissant le président de Région face à ses responsabilités. Lire l’intervention d’Alexandra Cusey…
CULTURE ET NUMÉRIQUE : DIX MESURES POUR ACCOMPAGNER LES MUTATIONS
La Région a pris une délibération au périmètre large pour « conjuguer les pratiques artistiques et culturelles et le développement du numérique » : démocratiser l’accès au numérique, développer de nouvelles formes de médiation et d’éducation artistique, soutenir les arts numériques, accompagner les professionnels. L’exécutif, sur proposition des élus écologistes, a déposé deux amendements.
Un premier amendement a demandé la réunion d’un groupe de travail afin de proposer de nouvelles formes de médiation pour attirer davantage de jeunes vers le cinéma d’art et d’essai. Toute l’économie réalisée par le passage de la place de cinéma à 1€ sera affectée au financement de ces actions.
Le second permettra de privilégier les logiciels libres dans les « outils numériques utilisés dans le cadre de la création et la diffusion culturelles ».
Lire l’intervention de Corinne Bernard…
DISCRIMINATIONS : ON NE FAIT PAS UNE CITÉ À PARTIR D’HOMMES SEMBLABLES
Après avoir signé en 2008 la Charte de lutte contre les discriminations et mis en place un dispositif d’aide aux projets de lutte contre les discriminations, la Région souhaite amplifier le dialogue avec les acteurs en créant une commission extrarégionale.
« On ne fait pas une cité à partir d’hommes semblables, déclare Lela Bencharif, paraphrasant Aristote. Cette commission permettra d’inscrire au cœur d’un débat éthique, et sans tabous, les questions sociales, sensibles certes, qu’il nous faudra aborder pour mieux saisir la façon dont se construisent les préjugés. »
Lire l’intervention de Lela Bencharif
SERVICE CIVIQUE : UNE MISSION D’INTÉRÊT GÉNÉRAL
En 2011, 1500 jeunes auront accompli une mission entre 6 et 12 mois auprès d’une collectivité publique ou d’un organisme à but non lucratif. La Région proposera un dispositif d’accompagnement en reconnaissant leur statut, en leur délivrant une formation civique et citoyenne, en leur permettant de valoriser les compétences acquises et en accueillant des volontaires en son sein.
Les élus écologistes insistent sur le fait que la Région ne doit pas fournir le prétexte à un désengagement de l’Etat. De plus, « pour que le service civique « marche », il ne doit pas devenir de l’emploi déguisé, et pour cela l’organisme d’accueil doit proposer une mission d’intérêt général », a souligné Nicole Billet. Lire son intervention…
« Nous sommes pour le service civique, mais étions un peu méfiants par rapport au risque de désengagement de l’Etat, explique Alexandra Cusey. Nous avons contribué à travailler sur la proposition, notamment pour faire le lien avec le dispositif de formation, afin de permettre à de jeunes gens sortis du système éducatif de revenir vers un cursus de formation. »
GAZA : PAS DE SOUTIEN AU BATEAU
Les élus écologistes avaient déposé un vœu soutenant l’initiative d’un bateau affrété pour apporter de l’aide humanitaire à Gaza. Ce vœu n’a pas pu être examiné car le groupe radical de gauche a mis fin à la session en déclanchant une procédure pour vérifier le quorum. « C’est un procédé malhonnête qui vise à refuser le débat démocratique, regrette Alexandra Cusey. Nous condamnons cette pratique. »
Lire le voeu non voté
EPILOGUE : L’ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE VUE PAR LA PRESSE
Lire le compte-rendu officiel du service de presse de la Région
Dans Le Progrès : la majorité de gauche unie pour une nouvelle politique énergétique…
Violent accrochage Queyranne-Tête à la Région…
Dans 20 Minutes : le conseil régional proteste contre le salut nazi d’un jeune élu du FN…
Dans Lyon Capitale : Réinsertion des jeunes : une nouvelle démarche impulsée par Meirieu…
la convention de Rhône-Alpes cinéma adoptée…
Dans Le Dauphiné : La colère noire de Jean-Jack Queyranne
« La presse a fait ses choux gras de quelques vifs échanges survenus au cours de l’assemblée, constate Alexandra Cusey. Cela ne doit pas faire oublier l’essentiel : nous avons pu avancer de façon significative sur des enjeux importants pour les électeurs qui nous ont donné mandat. Le très vaste chantier du service public de formation avance à grand pas. Le projet Yasuni est une forme de coopération innovante pour la protection des biens publics mondiaux. Cette initiative commence déjà à essaimer dans d’autres assemblées. Enfin, sur le nucléaire, nos alliés ont fait un pas dans la bonne direction. »