Intervention de Annie Agier sur les gaz de schiste
Rhône-Alpes, une écorégion préservée, sans exploitation de gaz de schiste
La mobilisation citoyenne sur le gaz de schiste ne faiblit pas et nous nous en félicitons. Conférences, réunions publiques, création de collectifs, arrêtés pris par de nombreuses communes, autant d’évènements qui ne peuvent pas nous laisser indifférents.
Est-il nécessaire de rappeler les faits ? Aucun élu de cette salle ne peut avoir eu les yeux et oreilles à ce point hermétiques aux médias diverses !
Mais parfois les mots sont tout en nuance : on parle de permis d’exploration signés en 2010 afin d’évaluer les réserves en gaz de schiste, mais pourquoi explorer quand de toute façon les conditions d’exploitation ne seront pas soutenables, ni tolérables.
Tirons un peu l’enseignement de l’autre côté de l’atlantique où l’exploitation de ce gaz a occasionné des dégâts environnementaux et sanitaires considérables. Il faut considérer les impacts sur les nappes phréatiques, la faune et la flore ainsi que les émissions de gaz à effet de serre (GES) engendrées par la production.
Chaque explosion de la roche demande 15 à 20 millions de litres, soit la consommation quotidienne d’une ville de 40 000 habitants (source Terra Eco) chargés de produits chimiques dont on ne peut maîtriser le risque de contaminations dans les nappes phréatiques. De plus, il faut compter les centaines de camions citernes nécessaires à l’acheminement de cette eau qui provoque émissions de GES et pollution de l’air. Enfin, que devient cette eau chargée de produits chimiques ? Elle est stockée dans de grands bassins puisqu’elle ne peut pas revenir dans le circuit classique des eaux usées !
C’est bien de l’eau dont on parle ! Et dans des territoires qui tous vous le savez ont plein de qualités mais pas d’eau !
L’Ardèche, l’Aveyron, voilà les départements sur lesquels les grands groupes comme Total et GDF Suez, alliés pour l’occasion avec des compagnies américaines ont débuté leur recherche. Ces mêmes compagnies pillent depuis des années cette énergie fossile, ce gaz dit non conventionnel car exploité par des moyens nouveaux : la fragmentation.
Le film de Josh Fox, Gazland, qui dénonce le scandale et la prochaine catastrophe environnementale des gaz de schiste le démontre bien. Nous proposons d’ailleurs à tous les conseillers régionaux de le visionner comme nous l’avons fait en commission santé environnement la semaine dernière.
Bien sûr, on pourra entendre les remarques du genre : « oui mais nous en France on connaît la technique et en isolant bien il n’y aura pas de mélange d’eau explosive » Sait-on vraiment mieux faire que les exploitants américains ? Non, notre région ne doit pas être un terrain d’expérimentation. Et même si le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie, Monsieur Besson nous dit je cite : « je tiens à me forger moi-même mon opinion et je me rendrai donc prochainement aux Etats-Unis pour observer des gisements en exploitations. » et rajoute « Je souhaiterais rappeler que le gaz naturel lorsqu’il se substitue au charbon et au pétrole satisfait pleinement aux objectifs climatiques ».
NON, Monsieur Besson, cette énergie fossile est composée de méthane et les méthodes d’exploitation augmente son impact extrêmement élevé en terme de réchauffement climatique, d’érosion de la biodiversité végétale et animale.
Affirmons le avec force, le gaz de schiste est incompatible avec le Grenelle de l’Environnement.
Pourtant il y a quelques semaines « le nouveau code minier est paru au JO du 25 janvier 2011. Il facilitera la valorisation des ressources du sous-sol français… » Objectif affiché par le Gouvernement : moderniser et simplifier les dispositions applicables aux exploitations minières.
Cette simplification du Code Minier coïncide avec les autorisations de prospections accordées à Total et GDF/Suez pour l’exploitation des gaz de schiste dans le Sud-Est de la France.
Aucune concertation avec les citoyens, les collectivités. Ce qui a provoqué la colère des communes concernées, de nombreuses réunions publiques, et des manifestations.
Le Ministre de l’environnement Nathalie Kosciusko-Morizet l’a d’ailleurs bien compris puisqu’elle a décidé de suspendre les permis d’exploration et a demandé un moratoire de 6 mois sur les gaz de schiste !!!
Reste à savoir si les bonnes intentions de la Ministre se vérifieront dans les faits surtout quand on sait que son prédécesseur Monsieur Borloo en mars 2010 avait accordé les permis d’exploration !
Nous proposons d’ailleurs un amendement élaboré conjointement avec nos collègues de la majorité demandant un colloque scientifique et citoyen pour que la Région Rhône-Alpes prenne toute sa place dans ce moratoire.
Il nous faut être innovant sans détruire le vivant !
Abaissons toutes nos consommations, allons sur des énergies propres, éolien, PhotoVoltaïque… qui peuvent répondre à nos besoins!
C’est sur cette voie que la Région Rhône-Alpes avance, Eco-Région depuis 2004.
En 2005, elle a voté un ambitieux plan régional sur le développement des énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie avec une approche globale associant toutes les politiques régionales concernées (transports, économie, emploi, formation, logement, agriculture, politiques territoriales, coopération décentralisée et recherche).
En octobre 2010, elle s’est engagée dans un Plan d’Elimination de Déchets Dangereux (PREDD) et a lancé son action en faveur du climat. Elle prépare un plan climat dont les objectifs sont de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2020 et d’ici 2050 de passer au facteur 5 soit -80%, conforme aux préconisations du GIEC.
Comme vous nous l’avez rappelé, Monsieur le Président, lors du point d’étape sur le Développement durable, les actions proposées par notre région montre l’effort consenti sur la lutte contre le réchauffement climatique et les GES.
Ces efforts vont être poursuivis pour 2011 avec pour l’environnement un schéma de cohérence écologique, Trame verte et Bleue, Biodiversité, schéma des avis protégés (PNR, Espaces naturels…), une nouvelle charte sur le Développement durable, la continuité dans nos engagements envers le monde économique (management de l’environnement), la poursuite des actions pour les lycées éco responsables. La liste est longue.
Pour toutes ces raisons, vous l’aurez compris, Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président, nous voterons des deux mains ce rapport.