Soyons responsables : enterrons le 2e Lyon Turin

Tribune de Noël Communod, conseiller régional Régions et Peuples Solidaires
En tant qu’élu régional apparenté au groupe EELV, j’ai siégé pour la première fois à la Transalpine, le bras armé des promoteurs du Lyon Turin. Ce lobby réunit tous les bords politiques traditionnels de droite et de gauche, se mettant ainsi à l’abri de toute forme d’alternance démocratique.

L’Etat ayant pris 50% de participation chez TELT, le promoteur public désormais en charge du Lyon Turin, j’ai demandé la dissolution de la Transalpine, qui coûte chaque année 200 000 euros d’argent public à la Région.

Cette expérience au sein de la Transalpine m’a permis d’observer que le Lyon-Turin fait partie de ces projets qui se discutent dans un « entre soi » nébuleux  qui contribue à accélérer la perte de confiance des citoyens dans les décideurs.

C’est peu dire qu’être opposant à ce projet fou et hors du temps d’un tunnel de 57 km sous la montagne est devenu complexe. Constamment diabolisés, les opposants sont désormais assimilés à des terroristes pour de simples écrits. En Italie l’écrivain Erri de Luca, attaqué par les promoteurs italiens mais aussi français du Lyon Turin, risque la prison ferme pour avoir simplement écrit une phrase. Si on écoute ces promoteurs du Lyon Turin, il y aurait 50 000 terroristes en Val de Suse !

Mais qui sont les véritables fous furieux ? A l’époque des relocalisations, de l’économie circulaire de proximité, des circuits courts, comment peuvent-ils prétendre encore que le Lyon Turin est une solution à l’emploi ? Aveuglés par leur projet pharaonique, les élus siégeant à la Transalpine ont simplement ignoré les simples considérations financières de rentabilité socio-économique et l’évolution du trafic de marchandise depuis 15 ans.

Dérapage des coûts (et le projet n’a même pas réellement commencé !) jusqu’à 28 milliards, absence d’évaluation indépendante et d’audit des comptes, répression violente des opposants, conflits d’intérêt, bref, les symptômes qu’on retrouve dans tous les grands projets imposés sont présents sur le Lyon Turin.

Ni souhaitable, ni finançable, ni réalisable, ce tunnel est devenu un obstacle à une véritable politique écologiste et responsable des transports. Les camions continuent de circuler, le réseau ferré existant se dégrade et les financements de son amélioration vont au projet de tunnel.

Pourtant les manifestations récentes des habitants des vallées alpines montrent que l’on doit lutter contre la pollution dès maintenant avec un véritable plan de transports pour la Savoie et sur l’ensemble des vallées alpines, pour ne pas reporter chez les autres le trafic. Interdisons aux camions les plus polluants de circuler dans nos vallées en les mettant sur des rails.

Quand les vallées alpines étouffent des passages de camion, la réponse politique ne peut pas être d’attendre 15 ans la construction d’une ligne ferroviaire. Faire circuler les camions et confiner nos enfants, quel renoncement ! C’est aujourd’hui, en 2015 qu’on doit lutter contre la pollution.

Le corridor ferroviaire européen qui relie la France à l’Italie existe.

Le tunnel du Mont Cenis, mis aux normes récemment pour 900 Millions € mais utilisé à 20% seulement de sa capacité, peut absorber un trafic de fret suffisant pour mettre les camions qui circulent actuellement sur les routes des vallées sur des rails. Le fret ferroviaire doit être soutenu maintenant, pas dans 15 ans. L’inaction actuelle confine à la mise en danger de la vie d’autrui.

Il est encore temps d’agir. Les solutions positives ne manquent pas mais les projets néfastes pullulent aussi, poussés par les lobbys. Il faut en finir avec ces derniers pour construire la société de demain, celle de la transition écologique !

Lire aussi : Lyon – Turin : un tunnel pour rien

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