Dossier : pourquoi subventionner ST Microelectronics est une erreur
Dossier : pourquoi subventionner ST Microelectronics est une erreurContact presse : 06.89.43.86.01 Lors de la commission permanente du 12 décembre, le conseil régional a attribué une subvention de 25M€ dont le bénéfice en recherche et développement ira directement à l’entreprise ST Microelectronics. Le groupe EELV-app. propose une analyse complète du dossier, et est en mesure d’annoncer que la subvention ne créera aucun emploi local. Pire, ST Micro est en train de détruire une centaine d’emplois en Isère. Le programme Nano 2017 : un soutien public inconséquent et sans conditions à la filière micro électronique en France. Nous avons compilé dans cette note des informations importantes pour notre Région. Le programme Nano 2017 qui couvre les années 2012 à 2017 porte sur 2 milliards 316 millions d’euros. Ce programme fait suite à Nano 2012 (2008– 2012 : 2 milliards 629 millions qui, lui-même, faisait suite à Crolles 2002 et Crolles 2008). Nos remarques portent donc sur un montant d’aides à la micro électronique grenobloise de plusieurs milliards d’euros versés depuis 15 ans. La société ST : où se trouve-t-elle ?La société mère ST Microelectronics est de droit hollandais (Amsterdam) et la direction administrative et opérationnelle est regroupée en grande partie en Suisse, près de Genève. Les sièges des régions sont à Carolton (USA), Singapour (Asie-Pacifique), Tokyo (Japon), Shanghai (Chine) et Bouskara (Afrique) Nos remarques porteront sur : 1. Une aide publique à la filière micro-électronique bien orientée ?** Dans un contexte de guerre économique, l’Europe estime qu’il est de son devoir d’apporter une aide financière à sa filière micro-électronique qui se situe en amont d’une part importante de l’industrie d’aujourd’hui. ** Malgré les artifices de présentation, c’est au final ST qui est le principal bénéficiaire des aides à la recherche puisque c’est ST qui vend les produits. Les aides des collectivités sont davantage fléchées sur la recherche menée ou coordonnée par le CEA LETI. Mais les résultats de la recherche font l’objet de transferts de technologie vers ST en continu. Il s’agit donc bien d’aides directes ou indirectes à ST. Les arguments qui nous sont donnés par la Région pour cette convention-cadre concernent essentiellement l’emploi. ** Une répartition des aides publiques en trompe l’oeil : l’Etat est actionnaire de ST à hauteur de 17% du capital. A ce titre, il perçoit chaque année (puisque ST distribue des dividendes même pour les années de déficit) environ 70 millions d’euros, soit sur les quatre années du programme, 280 millions€. Pour les quatre années précédentes, l’Etat a versé 400 millions€ à ST et perçu 280 millions$ de dividendes. ** Le cumul des aides à la filière (Europe, Etat et collectivités) sera, pour le programme Nano 2017, de 1.397 millions€ pour ST et de 429 millions€ pour le CEA, soit 1,825 millions€ ou 2,240 milliards$ : c’est à dire 36% du CA annuel ou 10% du CA prévisionnel des 4 années du programme. ** Le cumul des aides publiques à ST finance plus de la moitié des coûts de Recherche et Développement du groupe. Est-il normal de financer à cette hauteur ? 2. L’essentiel de la subvention est utilisé dans d’autres pays** La plus grande partie de la subvention concerne le financement des équipements pour la nouvelle salle blanche de Crolles. Le coût de ces équipements est estimé par ST à 1,5 milliard. Il s’agit essentiellement d’équipements de FRONT-END (équipements de gravure, d’implantation ionique, de contrôle…) ; environ 90 % des fabricants de ces équipements très complexes et coûteux sont américains ou japonais puisqu’il n’y a plus d’équipementiers en France. C’est-à-dire que l’essentiel de la subvention ira financer l’industrie américaine ou japonaise. Les personnels de ces sociétés présents en France sont essentiellement des technico-commerciaux, les personnels qui assurent la maintenance de ces équipements sont pour une part des salariés de sociétés américaines ou les techniciens de ST qui vont se former aux États-Unis ou au Japon. ** Le site de Crolles est essentiellement destiné à la mise au point des nouvelles technologies mais l’essentiel de la production est assuré par des usines installées en Chine et en Asie. Notamment, toutes les opérations de BACK-END (assemblage) sont réalisées dans ces mêmes pays, à Singapour ou en Chine. Beaucoup d’opérations de conception sont faites par les équipes de ST implantées en Inde. Les effectifs d’ingénieurs autochtones ST dans ce pays sont impressionnants. ** La convention-cadre n’est pas signée seulement par les sites de Crolles et de Grenoble, mais aussi par les autres sites de ST en France (Rousset et Grand ouest). Les aides que nous votons bénéficieront également à ces régions. ** Au final, on peut donc estimer la part de la subvention qui part directement à l’étranger ou hors de la région aux deux tiers du milliard € d’aides publiques. 3. Un impact emploi limité** En ce qui concerne l’emploi, les chiffres annoncés ne correspondent pas à la réalité. Ce fut déjà le cas lors de tous les précédents programmes depuis Nano 2002. Ainsi, le nombre d’emplois générés par cette subvention est nettement plus important en Asie qu’en Rhône-Alpes. Ceci explique en grande partie pourquoi, lors du dernier plan Nano, les subventions déjà très importantes n’ont généré que 200 emplois nouveaux en Rhône-Alpes. Pour résumer, au regard de cette énorme subvention, l’impact emploi est le suivant : Tout ceci explique donc le faible nombre d’emplois directs créés depuis 10 ans sur les sites isérois. Quant aux emplois indirects ou induits, le chiffre de 25.000 est très exagéré. ** Bien plus, malgré la manne publique reçue ST continue à supprimer des emplois en France: au moment même où nous votons le déblocage des 25 millions€ (25 millions débloqués dès décembre 2014 alors que le contrat est prévu sur 4 ans !), ST annonce 450 suppressions d’emploi dont une centaine sur Grenoble. C’est indécent ! 4. Des subventions publiques pour alimenter la distribution de dividendes !L’argumentation principale d’Eric Piolle, lors du vote d’octobre 2013, portait sur un autre point que personne ne peut nier : le montant de la subvention correspond en gros au montant des dividendes distribués aux actionnaires. ** Dans ce cas, pourquoi ne pas demander un retour sur investissement proportionnel à l’évolution du chiffre d’affaires puisque c’est la collectivité qui prend le risque et non plus les actionnaires ? ST distribue depuis des années un dividende quel que soit le résultat de la société, bénéfice ou déficit. Les dividendes sont trimestriels. Les dividendes pour le 4e trimestre 2014 et pour le premier trimestre 2015 sont déjà annoncés. Le calcul est simple : 0,10 + 0,10 x 910.500.000 titres = 180 millions $. ** 342 millions $ de dividendes ont été distribués en 2013. Et ST a racheté pour 150 millions$ d’actions, soit un demi-milliard qui ne servent pas à l’investissement, à la recherche ou à une politique industrielle offensive. CQFD : Les subventions publiques alimentent quasi-directement les dividendes des actionnaires! 5. L’évaluation de la politique publique de soutien à la filière microélectroniqueEnfin, les modalités de l’évaluation des résultats réels sont de fait sous la responsabilité de la société ST puisque c’est elle, ou le CEA, qui rémunère les experts chargés de réaliser cette évaluation et que ces experts sont payés sur les crédits de la subvention. 6. Le modèle économiqueLe programme d’aides publiques fait partie de la stratégie même de la société ST. C’est devenu, au même titre que les produits vendus, une source de revenus. C’est devenu un dû (pour le maintien de l’activité dans notre pays) alors même : que la proportion des aides est sans commune mesure avec la part de l’activité dans le pays et que l’investissement des collectivités locales de Rhône-Alpes est disproportionné. Les arguments qui sous-tendent cette énorme aide publique à la filière sont au nombre de deux : C’est avec ce raisonnement qu’on a certes développé et maintenu les sites en France et notamment en Isère. ** Qui a fait le rapport coût-avantage de l’utilisation de l’argent du contribuable français comparé avec d’autres utilisations possibles ? Personne… EN CONCLUSION nous demandons :** que l’approbation de cette convention-cadre soit reportée à la prochaine assemblée plénière. Pourquoi se précipiter ainsi pour débloquer en décembre 2014 une somme qui est prévue pour 4 ans ?
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