Agrilocal : Jean-Jack Queyranne court-circuite les circuits courts

La Région souhaite adhérer à l’association Agrilocal, une plateforme drômoise à l’ambition nationale. Son but affiché : mettre en relation les acheteurs de la restauration collective avec les agriculteurs de leur territoire. Jusqu’ici, l’intention semble excellente. Mais quand on se penche sur les modalités, ça se complique.

Comment fonctionne Agrilocal ?

Là où le bât blesse, c’est qu’Agrilocal est en fait une sorte de bourse virtuelle où les responsables d’achats de collectivités passent leurs appels d’offres : 100 kilos de carottes, 500 litres de lait… Les producteurs locaux, mais aussi les revendeurs, doivent répondre à la demande en définissant leur prix. Ils sont ainsi littéralement mis en concurrence. De plus, une fois choisis, au coup-par-coup, ils doivent assurer eux-mêmes la livraison.

Tomates d’Andalousie ou de la Drôme ?

« Ce système de marché libre en ligne revient à mettre en concurrence les producteurs locaux, petits et grands, fragiles et solides, bio ou utilisateurs de pesticides. Il accepte même les revendeurs basés sur le territoire qui peuvent très bien acheter des tomates d’Andalousie. Ils sont traités à égalité, mais sans équité. Le petit producteur bio en cours d’installation a peu de chance d’emporter un marché face à de gros exploitants ou des négociants », estime Olivier Keller, conseiller régional, président de la commission agriculture.

De plus, cette proposition contredit la décision de l’assemblée régionale, prise en 2011, d’introduire 15% de bio de Rhône-Alpes et 15% de local dans les cantines des lycées.

Revendeurs

« Sans passer par le parcours habituel d’une délibération, Jean-Jack Queyranne a voulu passer en force, estime Jean-Charles Kohlhaas, co-président du groupe EELV-app. au conseil régional. Il est clair qu’il veut faire un coup de communication. Mais il risque de se brûler les doigts en favorisant les revendeurs qui importent leurs produits. Nous avons tenter de corriger cette délibération en séance avec 12 amendements. Malheureusement, l’assemblée ne nous a pas suivis, et cet outil très imparfait sera mis en place sans notre soutien. »

Coopération plutôt que concurrence

Dans la région, d’autres initiatives cherchent à permettre aux producteurs locaux, notamment bio, de répondre à la commande publique et de la restauration collective. Ainsi, à Brignais, dans le Rhône, Bio à Pro est une véritable plateforme logistique créée par les producteurs eux-mêmes. Elle leur permet de proposer une seule offre diversifiée, et d’économiser sur les contraintes logistiques comme le conditionnement et la livraison.

« Plutôt que de les mettre en concurrence, il faut encourager les producteurs du territoire à coopérer pour faire face ensemble à la concurrence des géants de l’approvisionnement alimentaire, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs. C’est ainsi qu’on construit des filières locales pour une alimentation de proximité et de qualité qui garantisse la santé alimentaire des lycéens », assure Monique Cosson, conseillère régionale.

Les organisations de promotion de l’agriculture biologique de la région ont réagi. Voir leur communiqué ci-dessous :

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