Didier Jouve : « le réseau de fibre optique doit être un bien commun »

Le conseil régional va soutenir l’équipement de Rhône-Alpes en très haut débit numérique. Didier Jouve appelle éviter de réitérer le scandale des concessions autoroutières en mettant en place une gestion publique du réseau. 

Êtes-vous favorable à ce que la Région encourage le déploiement de la fibre optique ?

L’accessibilité au très haut débit aujourd’hui est une condition première de l’installation des entreprises et des particuliers. 

A l’époque où j’étais vice-président à l’aménagement du territoire, les Verts ont été parmi les premiers à souligner l’importance d’une action volontariste de la Région aux côtés des collectivités.

Malheureusement, ce texte n’est pas à la hauteur de l’ambition projetée. Par exemple, l’enveloppe prévisionnelle est réduite de 17 %. Nous appelons donc à un sursaut politique.

 

Comment alors garantir l’égalité des territoires ?

Demandons-nous comment la région peut contribuer à réduire les écarts de développement entre les métropoles et les territoires ruraux. Il faut aider davantage ceux qui en ont plus besoin. Il faut compenser les handicaps géographiques ou économiques. La Région fait l’inverse, en apportant des aides identiques partout. Par endroits ce seront des cadeaux inutiles, ailleurs des aides insuffisantes.

 

Pour vous, un tel réseau doit-il être confié au privé ou au public ?

En d’autres temps, des hommes de droite et de gauche avaient su décider que ce qui est vital serait public, et avaient nationalisé le réseau de chemin de fer et le réseau électrique.

Aujourd’hui, les  gouvernements de droite et de gauche ont attribué aux grandes entreprises le déploiement de la fibre dans les zones les plus rentables. On réitère le scandale de la vente des sociétés d’autoroute.

La Région, elle, ne devrait pas subventionner la privatisation du bien commun. Son soutien doit aller aux réseaux d’initiative publique qui  gèreront  leur réseau.

Le réseau de fibre optique doit être un bien commun, un service public, neutre et ouvert. Il s’autofinancerait par les droits d’accès attribués de façon transparente à tous les opérateurs privés qui le souhaitent. La concurrence  s’exercerait  sur les services offerts. 

 

Mais le privé n’est-il pas une garantie de choix pour les consommateurs ?

C’est le contraire ! Dans le modèle qui est proposé, la prise n’est à disposition que d’un seul opérateur. Une fois qu’il a choisi, l’usager est prisonnier de son opérateur.

Il faut plutôt encourager la mise en place de fonctions kiosque, comme en Suède, où on peut accéder à toutes les offres payantes, rassemblées sur une mosaïque, ainsi qu’à des services publics de formation, de santé, d’accompagnement, d’administration, etc.

De plus, il faut promouvoir des modèles de commercialisation qui permettent l’existence des petits opérateurs.

 

Ces investissements promettent des revenus pour au moins 50 ans. Qui va percevoir cette recette ?

Nombreux sont ceux qui pensent qu’il faut privatiser les profits, et socialiser les pertes.  

Nous pensons au contraire que les collectivités publiques doivent percevoir un retour sur investissement avec une vision du bien commun à long terme.

Quelques collectivités de tous bords ont déjà pris cette décision en mettant leur réseau en régie publique : les départements de l’Ain, de la Côte-d’Or, du Tarn-et-Garonne…

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