Une région à 12 départements Auvergne-Rhône-Alpes pose la question de la bonne taille pour la vie démocratique de ce genre d’institution. Jeannie Tremblay, élue savoyarde, témoigne de la difficulté de représenter un territoire éloigné. 

« Un élu de Chamonix est à 227 Km de Lyon (soit 2h35 en voiture). Son premier train est à 7h14 pour arriver à 11h26 à Lyon. En train c’est impossible. En voiture, c’est jouable mais pour une réunion à 9h il faut partir à 6h15. Cet élu peut difficilement prendre des engagements importants à la région.

Avec la nouvelle région, un élu de Montsalvy (Cantal) sera à 45 min de la gare d’Aurillac. Il partira la veille à 12h30, fera 45 mn de voiture, prendra son train à 13h28, arrivera à Lyon à 19h20, il faut ajouter plus de 20min de tram… Sinon le lendemain, le premier train est à 5h54 (départ de la maison au mieux à 4h54) pour une arrivée à Lyon à 11h26. Il est impossible de faire 14 heures de trajet pour une réunion ou même deux à Lyon.

S’il choisit la voiture, il est à 341 km, il mettra 4h15 pour rejoindre Lyon. Pour une réunion à 9h, il partira à 4h30 du matin après s’être levé vers 3h45 ! Un élu normalement assidu devra répéter cela quasiment chaque semaine.

Heureusement, comme il y aura moins d’élus, il y a peu de chance qu’on laisse de la place pour un citoyen du fond de sa campagne qui aurait du temps à perdre dans sa voiture. Un vrai progrès démocratique !

Au-delà de l’anecdote et de la difficulté à représenter un territoire, cela pose la question de la taille raisonnable pour une région : jusqu’où une collectivité locale, issue de la décentralisation, peut-elle jouer son rôle de relais démocratique auprès des citoyens? »

Jeannie Tremblay, conseillère régionale savoyarde.

 —————————————————————————————————————————–