Six bobards auxquels le Front National voudrait nous faire croire

Marine Le Pen nous l’assure : depuis qu’elle a été élue en 2011 à la tête du Front National, un miracle s’est opéré. Plus d’horribles fascistes, plus d’OAS, plus de Vichy… Le FN serait déormais laïc, républicain, mais au-dessus des vilains partis de droite et de gauche. Sauf que ces affirmations sont démenties par les faits, et notamment par les déclarations des conseillers régionaux FN en Rhône-Alpes. 

1 – Le FN dit : « Nous ne sommes pas un parti d’extrême droite »

Marine Le Pen aux côtés de l’ancien membre de la Waffen-SS Franz Schonüber.

Marine Le Pen aux côtés de l’ancien membre de la Waffen-SS Franz Schonüber.

Ah bon ? Le FN a été fondé en 1972 par un congrès de l’organisation Ordre Nouveau. Parmi les membres fondateurs, on trouve trois anciens SS, deux membres de la Légion des Volontaires Français et deux membres de la milice de Pétain, aux côtés de Jean-Marie Le Pen.

Une partie de ces charmants personnages sont restés au comité central du FN jusque dans les années 90. Seule une toute petite minorité d’anciens résistants présents aux premiers moments permet aujourd’hui à Marine Le Pen de donner le change.

Depuis, hormis l’exclusion de quelques membres trop visiblement fascistes, le FN n’a produit aucune déclaration où il prendrait la moindre distance avec ce passé. Au contraire, les élus FN au conseil régional font en permanence référence aux racines de l’extrême droite, en citant Maurras ou Pétain.

2 – Le FN dit : « Nous sommes du côté des ouvriers, des chômeurs »

Le châtelain Jean-Marie Le Pen dans le parc sa propriété de Montretout, aux portes de Paris, où vit aussi sa fille Marine.

Le châtelain Jean-Marie Le Pen dans le parc de sa propriété de Montretout, aux portes de Paris, où vit aussi sa fille Marine.

Pour les élus FN au conseil régional, les chômeurs sont des gens qui se contentent « de profiter de tous les avantages sociaux qui entretiennent l’oisiveté et la décadence de votre société » (Dominique Martin, 07/04/2011).

Le manque de qualification est l’un des premiers obstacles pour qu’une personne au chômage retrouve un emploi, mais le FN s’en fiche. La formation professionnelle des adultes ne servirait, selon Dominique Martin, qu’aux personnes immigrées à qui on propose « le Club Med (…) toutes options, sauf (…) l’assurance rapatriement » (octobre 2011).

Le FN vote donc systématiquement contre les budgets servant à développer l’apprentissage, les formations professionnelles…

3 – Le FN dit : « Nous prônons la laïcité »

Alors pourquoi Liliane Boury, conseillère régionale FN, a-t-elle fait en 2008 la déclaration suivante en assemblée plénière du conseil régional ? « Nous rappelons que la religion chrétienne a, depuis 2 000 ans, mis la moitié de l’humanité à genoux devant une femme, la Vierge Marie, et nous rappelons aussi que c’est le Front National qui rassemble chaque année, autour de son Président Jean-Marie Le Pen, des milliers de personnes pour vénérer la mémoire d’une femme, la Sainte et l’héroïne de la Patrie, Jeanne d’Arc. »

Et pourquoi son collègue Christophe Boudot a-t-il prononcé les mots suivants le 26 mai 2011 dans la même assemblée ? « La laïcité a été instaurée en France au début du siècle dernier, sous la pression conjointe des mouvements anticléricaux et des réseaux maçonniques, qui souhaitaient poursuivre ce qu’ils considéraient comme la grande œuvre civilisatrice de la terreur révolutionnaire et porter un coup fatal à la civilisation catholique et à la pratique religieuse en France, en somme à la conscience et à la foi de 85 % des Français de l’époque. L’objectif avoué était bien sûr dans l’esprit de ces radicaux, d’entamer ou plutôt de poursuivre la déchristianisation de notre société et l’éradication totale du sentiment religieux français, celui d’une certaine idée de la France, fille aînée de l’Église. »

La réponse se trouve peut-être dans le soutien apporté en 2008 par Bruno Gollnisch à un policier des Renseignements Généraux poursuivi pour avoir demandé par courrier au conseil régional les origines religieuses « autres que chrétienne » de ses agents et s’ils avaient « demandé des aménagements d’horaires pour pratiquer leur religion ».

4 – Le FN dit : « Résistants ou collaborateurs, c’est du passé »

Alors pourquoi les conseillers régionaux FN votent-ils systématiquement contre le subventions pour le Mémorial des enfants juifs exterminés d’Izieu (Ain) et le Mémorial de la Résistance à Vassieux-en-Vercors (Drôme) ?

Et pourquoi Bruno Gollnisch, en pleine assemblée régionale, alors que personne ne lui a demandé son avis sur la question, qualifie-il Pétain de « grand chef militaire français injustement traité » (13 oct. 2011) ?

5 – Le FN dit : « Nous ne sommes ni de droite, ni de gauche »

Les élus régionaux du Front National passent leur temps à défendre des valeurs de la frange de la droite la plus rétrograde : refus de la contraception, sacralisation de la propriété privée, attaques contre les syndicats ou la démocratie participative… Dans une interview donnée au journal en ligne Place Grenet en septembre 2013, Mireille d’Ornano, candidate à Grenoble et conseillère régionale Front National, a d’ailleurs déclaré sans ambages : « Les électeurs rejoignent la véritable droite que nous incarnons. […] Il y a donc une dérive droitière de l’opinion publique en notre faveur, celle de la droite nationale. »

6 – Le FN dit : « Nous sommes désormais des républicains »

Alexandre Gabriac ci-contre déguisé en élu, et ci-dessous  portant la chemise bleue du groupuscule dissous Oeuvre Française, faisant un salut fasciste sur la tombe de Mussolini.

Alexandre Gabriac portant la chemise bleue du groupuscule dissous Oeuvre Française, faisant un salut fasciste sur la tombe de Mussolini.

Dans leurs interventions, les élus FN du conseil régional se moquent ouvertement de la République et reprennent à chaque séance les analyses des penseurs anti-républicains du tournant du XXe siècle comme Charles Maurras qui qualifiait la République de « gueuse ».

Souhaitent-ils comme lui une monarchie ? Ou comme Pétain, à qui ils rendent grâce régulièrement, une « Révolution Nationale » qui place un chef au-dessus de tout ?

Alexandre Gabriac, élu en 2010 sur la liste FN sous le patronage de Bruno Gollnisch, a été plus direct, voire glaçant le 30 mai 2013 :

« Pour ce qui est de mes accointances avec la République, je tiens juste à préciser que je veillerai, si nous arrivons au pouvoir, et le jour de la libération, à ce que ce conseil régional reste ce qu’il est aujourd’hui, à savoir un magnifique théâtre. »

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