Gaz de schiste. Deux ans de lutte pour la transparence

Depuis deux ans, une lutte s’est engagée entre des compagnies pétrolières et les populations de Rhône-Alpes avec pour enjeu l’exploitation des gaz de schiste.  Tandis que le gouvernement cultivait l’opacité, la région prenait position. Voici une rétrospective de deux années de bras de fer.

 2010 

Des millions de Français découvrent avec stupeur que leur lieu de vie est concerné par un permis de recherche d’ « hydrocarbures non conventionnels », attribué sans information préalable. Des compagnies pétrolières s’apprêtent à user d’une technique très consommatrice en eau, menaçante pour les aquifères et lourde de conséquences pour la santé publique : la fracturation hydraulique. Cette intention constitue aussi une surenchère dans l’utilisation d’énergies fossiles alors que le climat se dérègle.

L’émotion est alors considérable, et plusieurs collectifs locaux d’opposants se sont constitués. En Rhône-Alpes, l’Ardèche et la Drôme sont particulièrement concernées avec les permis d’exploration de gaz de schiste dits de « Villeneuve-de-Berg » et de « Montélimar ».

 Octobre 2010 

Le Conseil régional se saisit de la question. Par un vœu, il interpelle le Gouvernement tout en alertant les élus et les citoyens rhônalpins.

 25 février 2011 

A l’initiative du groupe PS, l’assemblée vote une délibération titrée « Rhône-Alpes, une écorégion préservée, sans exploitation de gaz de schiste ». Le texte précise que la Région « se déclare opposée à toute exploration ou exploitation du gaz de schiste sur son territoire », et qu’elle apportera son soutien aux collectivités territoriales et à tous les acteurs régionaux s’opposant aux permis d’exploration les concernant.

 26 février 2011 

15 000 personnes, dont de nombreux conseillers régionaux écologistes, se retrouvent à Villeneuve-de-Berg pour demander l’annulation de ces permis.

 22 juin 2011 

Sous la direction de Benoît Leclair et d’Alain Chabrolle (EELV), la Région organise une conférence sur le thème « gaz de schiste : une solution ou un problème pour l’avenir ? ». Le débat contradictoire formalise une expertise de haut niveau, quelques certitudes et des questions.

Cependant, le débat public national réclamé dans la délibération de la Région n’a pas lieu. Le gouvernement refuse de saisir la Commission nationale du débat public. 

 13 juillet 2011 

Le Parlement adopte une loi se limitant à interdire la fracturation hydraulique en abrogeant certains permis de recherche y ayant recours, tout en laissant ouverte la voie à des recherches à fins scientifiques.

 Octobre 2011 

Une proposition de loi émanant d’élus EELV et PS demandant l’interdiction de l’exploration pure et simple de gaz de schiste et la transparence dans le code minier est rejetée.

 Printemps 2012 

Le gouvernement Fillon abonde dans l’autre sens en attribuant de nouveaux permis et en accélérant les procédures. Par ailleurs, des demandes sont en cours d’instruction sur presque tout le territoire de la région, du pays de Gex à la Drôme provençale.

 8 juin 2012 

Changement de gouvernement. Le ministère de l’Écologie publie une carte nationale des demandes de permis, premier pas vers plus de transparence. A cette occasion, on apprend qu’une demande touchait le Parc naturel régional du Vercors.

 3 juillet 2012 

Le Premier ministre annonce une réforme du Code minier ainsi que la tenue d’une conférence environnementale nationale à l’automne.

 5 octobre 2012 

Le groupe EELV vote, avec ses collègues de la majorité régionale, un vœu afin que l’Etat clarifie sa position sur l’exploitation de ces « hydrocarbures non conventionnels ».

 28 novembre 2012 

Le gouvernement se fait moins catégorique. Arnaud Montebourg déclare à propos du gaz de schiste : « Mieux vaut le produire ici que l’importer ». Le lobby pétrolier s’agite…

 

Remonter

UA-25684560-1