Stations de ski : UN MODÈLE À REVOIR

Par Claude COMET, Conseillère Régionale déléguée au Tourisme et à la Montagne

À l’approche de l’hiver, l’angoisse monte dans les stations de ski des Alpes. Comme chaque année, les regards se tournent vers le ciel pour guetter l’arrivée de la neige. Pour les professionnels et les élus, le dilemme est toujours le même : embaucher, investir dans des canons à neige et autres remontées, ou réduire les coûts, au détriment des salariés ?

Il y a peu, le maire de Saint-Pierre de Chartreuse, petite station de l’Isère, a décidé de réduire l’ouverture aux seuls mercredis et week-ends (hors vacances scolaires), pour stabiliser recettes et coûts de fonctionnement du Syndicat à vocation unique (SIVU) qui gère les remontées mécaniques. Un vent de fronde des salariés et habitants s’estimant trahis souffle depuis sur la petite station. La même semaine, le Conseil municipal de Megève injectait 700 000 euros dans la Société d’économie mixte (SEM) pour permettre de passer l’automne et payer les salaires. Les exemples sont nombreux. Déjà en 2007, incapable de financer la révision de certaines de ses remontées mécaniques, la petite station d’Abondance  (Haute-Savoie), avait décidé de jeter l’éponge… La bronca des habitants a mené au pouvoir l’année suivante une nouvelle équipe municipale porteuse d’un nouveau projet “neige”, aujourd’hui remis en question par l’abandon annoncé de son investisseur principal.

Les hivers se suivent et ne se ressemblent pas. Celui de l’année dernière, a exigé un recours massif à la neige “de culture” pour beaucoup de stations. La consommation des canons à neige a laissé des traces dans les trésoreries. Et cette fragilité ne va pas être sans conséquences directes sur les embauches de salariés cet hiver, menaçant un équilibre économique qui fut florissant pendant près de cinquante ans,  mais que bouleversent, à court terme, les effets aléatoires du changement climatique.

De nombreux observateurs indépendants alertent les professionnels et les élus. Un rapport de la cour des comptes régionale paru en 2010 relevait déjà cette impasse qui consisterait à ne développer qu’une seule activité sur les territoires. Beaucoup d’acteurs concernés ont d’ailleurs pris conscience de cette nécessité et cherchent les moyens de diversifier leur offre.

Aujourd’hui, alors que la saison d’hiver va s’ouvrir et que des choix se profilent à nouveau, il faut avoir le courage de regarder la réalité en face : le modèle économique des stations est à revoir. Et le plus tôt sera le mieux, contrairement à ce que voudraient laisser penser certains, qui ne veulent pas entendre parler de sortir de ce modèle entièrement dédié au ski.

Parmi les choix d’avenir, il y a la diversification touristique et une réflexion sur un modèle de tourisme plus stable et durable, qui permette des activités tout au long de l’année (4 saisons) pour un public élargi (tourisme social). C’est aussi ce qui permettra de mieux régler le problème de la précarité des emplois. Les conventions “ stations durables” (17 contrats en cours) en sont un exemple. Il en est d’autres à inventer.

Il ne fait pas de doute que le ski restera l’activité saisonnière majeure, pour la plupart des stations. Mais d’autres ressources sont à portée des massifs alpins. Pour cela, il est nécessaire de s’engager sur le chemin d’un tourisme plus responsable et plus durable, qui respecte à la fois l’environnement et ceux qui vivent et travaillent dans ces territoires fragiles.

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