Intervention de Jean-Charles Kohlhaas sur les relations entre la Région Rhône-Alpes et la SNCF

M. le président, mesdames et messieurs,

 

En juillet, je vous parlais du blues d’un président de commission, sans le talent d’un Ben Harper ou d’un John Lee Hooker. En septembre, le style musical a changé.

Voilà une délibération qui permet de faire de la politique et de sortir du rôle que l’Etat voudrait nous assigner : gérer la pénurie, avec un sens certain des responsabilités, à moins que ce ne soit un certain sens des responsabilités…

Pour parodier un grand chanteur français, quand on voit la réussite de l’Etat, ces dix dernières années, en matière de transport public, on a envie d’échouer !

 

Depuis des mois, la Région assiste à la lente dégradation du service de Trains Express Régionaux :

Les projets de l’Etat qui dégradent les horaires et augmentent notre facture (Ht. Bugey, Rhin-Rhône, cadencement…)

Les temps de parcours qui se sont tellement allongés, qu’ils limitent les possibilités de sillons et de souplesse

L’infrastructure ferroviaire classique abandonnée par l’Etat depuis 30 ans et qui n’est pas à la hauteur des ambitions des citoyens

L’éclatement des entreprises ferroviaires qui complique nos rôles, aggrave les coûts et nous a emmené dans une impasse

Les réductions de personnels importantes qui font que les incidents augmentent aussi vite que les maintenances préventives de l’infrastructure comme du matériel diminuent…

La liste pourrait être longue et il faut être honnête, tout ne découle pas de choix politiques du gouvernement actuel. Mais le cumul de tout cela fait que la pression dans la machine est trop forte et que la vapeur ne va pas tarder à tout faire exploser. Pas seulement en Rhône-Alpes, puisque la ministre a décidé de lancer des assises nationales du ferroviaire. Le terme de Grenelle étant déjà trop utilisé et ayant perdu beaucoup de son sens depuis que le président de la république ne cesse de faire des infidélités à celui de l’environnement.

Du coup, il était nécessaire que l’autorité organisatrice que nous sommes reprenne l’initiative, que nous réaffirmions nos objectifs, que nous remettions quelques pendules à l’heure et que, sans promettre la lune, nous sortions du cercle désastreux de ces derniers mois en prenant notre part de responsabilité.

 

C’est en partie ce que propose ce rapport, aboutissement d’un travail majoritaire fructueux.

Beaucoup de choses y sont :

Les références au SRST que notre majorité a construit et voté sous le précédent mandat et qui doit rester notre source d’inspiration.

Le niveau de service que nous souhaitons pour 2012 et les efforts que nous demandons aux opérateurs ferroviaires pour y répondre.

Des mesures à court terme, tant pour diagnostiquer que pour « guérir » quelques maladies plus ou moins chroniques.

Les références et rappels de la convention, notamment en terme de niveau de service.

En tant qu’AOT, nous sommes responsables mais pas coupables diront certains. Cette responsabilité, nous la portons devant les citoyens et en particulier les usagers, qui sont de plus en plus nombreux à exprimer leur mécontentement.

Nous devons aujourd’hui nous donner les moyens de nos responsabilités, mais aussi que les directions régionales des opérateurs ferroviaires jouent le jeu et ne nous racontent pas n’importe quoi, car nous n’avons pas de temps à perdre dans de mauvaises directions.

Deux exemples ou plutôt deux en un d’actualité, sur un secteur que je connais bien, l’Ouest Lyonnais :

En 2009, 47 trains ont été annulés pour absence de personnels. En 2010 450 ! A nos questions, la SNCF répond que 1/3 des absences concernaient des conducteurs et 2/3 des contrôleurs, soit environ 300 trains annulés dans l’année. Surprenant, quand la direction de la SNCF nous serine depuis quelques semaines que l’Ouest Lyonnais fonctionne en EAS depuis décembre 2009 ! Il y a comme une contradiction entre le fait qu’il n’y ait plus besoin de contrôleur systématique, mais qu’on ait quand même annulé tant de trains pour absence de contrôleur…

En 2010, les chiffres ont tous explosé, puisque le nombre de trains annulés a frôlé les 5400, dont 450 pour absence de personnels. En 2009, 598 ont été annulés, dont 47 pour absence de personnels. Sur environ 30 000 trains circulants, cela fait moins de 2% de trains annulés et 0,15% pour cause de personnels, dont 2/3, soit 0,1% pour les contrôleurs !

Il est vrai que l’Ouest Lyonnais a normalement de bons résultats.

Les contrôleurs ont vraiment bon dos. Quand les incidents de toutes sorte atteindront ces valeurs, nous aurons largement rattrapé et dépassé nos voisins suisses dans l’efficacité de notre système.

Du coup, était-il nécessaire de dépenser toute cette énergie, de se payer un conflit social, voire de se poser même la question, pour 0.1% des trains ?

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