Charte des stages : Contre la précarisation et pour une véritable formation

Pour éviter la « stagification » de la jeunesse, Philippe Meirieu a négocié pour la Région avec les syndicats et le patronat une charte des stages. Elle met en relief les droits et devoirs du stagiaire. Explications par Philippe Meirieu.

Voilà déjà plusieurs années que de nombreuses associations, des organisations syndicales et professionnelles, des mouvements citoyens s’insurgent contre “la stagification” de la jeunesse et le développement de stages sans véritable garantie de formation. Les jeunes, en effet, sont, de plus en plus inquiets sur leur avenir et souhaitent pouvoir présenter dans leur CV des stages attestant de leur expérience ou de leur connaissance du milieu professionnel.

Simultanément, le développement de l’alternance, aussi bien en formation initiale que continue, amène de plus en plus de personnes à faire des stages dans des entreprises ou des institutions, afin d’y acquérir des connaissances et compétences qui doivent, en principe, être reprises et formalisées dans le cadre du centre de formation.

Or, l’expérience et les nombreuses enquêtes dont nous disposons montrent qu’un nombre significatif de stages sont mal utilisés. Les stagiaires ne sont pas toujours bien accueillis, ils effectuent parfois des tâches qui leur sont mal expliquées ou qui n’ont pas de véritable intérêt pour leur formation.

Garantir le caractère formatif du stage

Même si, dans d’autres cas, les stages se passent bien, cette image du stage comme “sous emploi” est particulièrement préjudiciable et brise la confiance qui devrait être de mise entre tous les partenaires concernés par la formation.

C’est pourquoi la Région Rhône-Alpes, qui entend jouer un rôle structurant sur toutes les questions de formation professionnelle, a pris l’initiative de réunir le plus grand nombre d’acteurs possibles, issus du monde de l’entreprise, de la formation, de l’orientation, de l’Education nationale… afin d’identifier les conditions réelles qui garantissent le caractère formatif d’un stage.

La Charte a été élaborée en mettant en relief les droits et devoirs du stagiaire, de l’entreprise et de l’organisme de formation, mais aussi leurs relations qui doivent régir le travail formatif. Elle va dans le détail et prévoit aussi bien les conditions de l’accueil, la manière de décider et de communiquer sur les objectifs du stage, la question du tuteur de stage et du référent dans l’organisme de formation, l’évaluation des acquis, la nature et l’usage des outils de liaison.

Une première en France

Elle précise l’esprit et les modalités qui doivent régir un stage en situation professionnelle : découverte, immersion dans un milieu, activités adaptées, repérage des savoir-faire antérieurs et des compétences à acquérir, identification des connaissances à s’approprier et à formaliser, méthode de l’aller-retour nécessaire entre la situation professionnelle et le centre de formation, préoccupation constante du transfert des acquisitions afin de former à l’autonomie professionnelle.

Cette Charte, à la fois institutionnelle et pédagogique, est une première en France. Elle engage de très nombreux partenaires (1) et, dès la rentrée sera rendue publique à travers une affiche qui sera apposée dans tous les lieux susceptibles d’accueillir des stagiaires. Elle manifeste très clairement la volonté de Rhône-Alpes d’être pionnière en matière de formation et de respect des personnes en formation. Elle est une brique nouvelle dans l’édifice en construction de la “formation tout au long de la vie”…

(1) La Région, les Rectorats des Académies de Grenoble et de Lyon, Pôle emploi, la Chambre Régionale de commerce et d’Industrie, l’Union Régionale des Missions Locales, l’UROFRA, la FFP, l’UR-CIDFF, l’ADOM, l’AGETERA, la CGT, la FSU, La CFDT, FO, La CFTC, la CFE-CGC, le MEDEF, la CGPME, l’UPA, la Chambre Régionale des Métiers et de l’Artisanat, la Chambre Régionale de l’Agriculture.

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