Rapport d’évaluation du CIO : UNE « DURABILITÉ » EN TROMPE-L’ŒIL

Les 18 et 19 mai, la candidature d’Annecy aux Jeux olympiques d’hiver 2018 a passé son grand oral devant les membres du Comité international olympique. Le groupement d’intérêt public qui la porte, auquel adhère la Région Rhône-Alpes, présente son projet comme « vert », « durable », et « protégeant l’environnement ».

Eco-stations : une coquille vide

Clef de voûte de ces arguments, le concept d’ « éco-station » qui, selon la candidature, permettrait la conception d’une montagne du XXIe siècle. Or, loin d’être un label s’appuyant sur des engagements quantifiables et vérifiables – à commencer par des bilans carbone -, ce concept n’est à ce jour qu’un programme de recherches qui devait permettre d’identifier ce que sont ces facteurs de durabilité.

Programme de recherche lancé courant 2009 sur lequel, le préfet de Haute-Savoie avait, en avril 2010, émis un avis « réservé » à une demande de subvention pour le projet d’éco-stations, notant : « il est à craindre que cette nouvelle démarche vienne complexifier la lisibilité actuelle, notamment pour les élus. D’autant que la gouvernance de ce projet ne fait pas apparaître clairement le positionnement des collectivités qui sont pourtant les premières intéressées. »

Dans sa notation, la préfecture lui préfère un autre référentiel, la « Charte nationale en faveur du développement durable des stations de montagne» (http://www.anmsm.fr/DD) … C’est une démarche engageante qui en 2007 avait été portée par la principale association des maires de stations de montagne et sur laquelle s’étaient engagées une cinquantaine de stations.

« Pour l’instant le projet d’écostations se résume à une seule réunion d’un improbable comité de pilotage, et aucun travail de fond sur l’adaptation des stations au changement climatique, l’aménagement du territoire, la préservation de la nature, la gestion des ressources, les transports…, explique Claude Comet, conseillère déléguée au tourisme et à la montagne. C’est une coquille vide, de la communication qui repose sur du vent ! »

Eau : pression sur la ressource

Les Jeux d’Annecy se passeront en partie sur le Semnoz, zone karstique où l’eau est rare en surface. Il faudra des canons à neige que l’on envisage d’alimenter depuis le bas… Mais on imagine mal qu’une pompe puisse acheminer l’eau depuis le lac (450 m d’altitude), jusqu’en haut des crêtes à quelque 1 700 mètres.

L’autre solution consiste à creuser des retenues d’eau dans la montagne, une solution qui crée un grave péril sur la ressource en eau, de plus en plus précieuse en montagne. Il faut 4 000 m3 d’eau pour enneiger artificiellement un hectare, soit deux piscines olympiques. Au total, en France, la neige de culture consomme 20 millions de m3. Cette consommation s’accroît d’un million de m3 supplémentaires chaque hiver.

Transports : des solutions non pérennes

Le projet prévoit l’acheminement des spectateurs en train mais, pour aller des gares aux stations, aucun transport ne sera pérennisé. Or, en 2007, des bilans carbone ont révélé que 70 % des émissions des stations proviennent du transport. Sur trois sites olympiques, deux ne sont pas directement desservis en train : le Grand-Bornand et le Semnoz. Quant au « train des Jeux », il ne roulera que pour les Jeux. « On n’a pas travaillé sur une chaîne de transports collectifs complète et pérenne, explique Jean-Charles Kohlhaas, président de la commission transports. Cela ne changera pas les habitudes des touristes qui continueront de prendre leur voiture. C’était déjà le cas pour Val d’Isère 2009. La desserte ferroviaire de la Tarentaise est même moins bonne qu’avant ! »

C’est pourquoi les élus écologistes au Conseil régional de Rhône-Alpes souhaitent attirer l’attention sur des « Jeux durables » qui, derrière la façade, ne le sont pas vraiment.

Laissez un commentaire

You must be connecté pour laisser un commentaire.

Remonter

UA-25684560-1