Pour une maîtrise publique de la société Aéroports de Lyon

Les écologistes et le Front de Gauche ont déposé un vœu contre la privatisation de la société Aéroport de Lyon prévue par la loi Macron. Privatiser Aéroports de Lyon, c’est se priver de la maîtrise publique d’une infrastructure essentielle, de par son impact sur la mobilité des Rhônalpins et l’économie régionale. Malheureusement ce voeu a été rejeté par le reste de l’assemblée.

Texte du Vœu :

L’article 49 du projet de loi pour la croissance et l’activité, en cours de discussion au Parlement, prévoit le transfert au secteur privé de la majorité du capital des sociétés Aéroports de Lyon et Aéroports de la Côte d’Azur.

Le Gouvernement ne s’en cache pas, la privatisation de ces deux sociétés de gestion aéroportuaire vise à « libérer de l’argent »[1], notamment pour faire face à l’endettement de l’État. La rentabilité des actifs correspondants, contrairement à moult aéroports locaux maintenus à coups de subventions directes et indirectes, permet d’espérer un bon prix de vente. C’est un élément assumé du choix gouvernemental[2]. À l’heure où une grande majorité des élus nationaux, tous partis confondus, s’émeut en toute impuissance des conséquences de la privatisation des sociétés concessionnaires d’autoroutes, voilà donc que la privatisation des grands aéroports français est présentée comme une opportunité à ne pas manquer.

La situation financière d’Aéroports de Lyon permet d’en douter. Voilà une société qui a connu une progression de son chiffre d’affaires de 4,7% en moyenne entre 2007 (120 M€) et 2013 (158,4 M€). Voilà une société qui a connu un désendettement très significatif sur la même période, de 110,4 M€ à 75,5 M€. Voilà une société qui dégage un bénéfice annuel régulier, entre 5,7 M€ et 11,5 M€ selon les années. Faut-il se priver de cette rente pour une seule dose d’argent frais sans lendemain, et sans impact ou presque sur le montant de la dette de l’État ? Il est difficile de croire que la cession d’actifs de ce genre n’est pas le fait de considérations de court terme.

Car privatiser Aéroports de Lyon, c’est en plus se priver de la maîtrise publique d’une infrastructure essentielle, de par son impact sur la mobilité des Rhônalpins et l’économie régionale. Privatiser Aéroports de Lyon, c’est donner un feu vert implicite à de vraisemblables suppressions d’emplois, au détriment sinon de l’entretien du site du moins de la présence humaine au contact des voyageurs.

Privatiser Aéroports de Lyon, c’est confier la gestion à un grand groupe dont l’objectif principal sera d’augmenter le nombre de vols rémunérateurs au départ et à destination de l’aéroport de Saint-Exupéry, pour rentabiliser son investissement. Or, le schéma régional climat air énergie de Rhône-Alpes, adopté par l’assemblée régionale le 17 avril 2014, prévoit une meilleure maîtrise des émissions de CO2 liées au secteur aérien, notamment par une optimisation de la capacité d’emport.

La lutte contre le dérèglement climatique ne peut pas souffrir de schizophrénie, celle qui consiste à laisser se développer à bride abattue le mode de transport le plus polluant, dans les conditions d’un paradis fiscal (absence de taxation du kérosène, absence de TVA sur les vols au sein de l’Union Européenne, localisation des principales compagnies aériennes à bas coût dans des pays n’imposant pas ou très peu les bénéfices). Lorsqu’il existe des alternatives au transport aérien, moins polluantes et moins émettrices de gaz à effet de serre, celles-ci ne doivent pas subir une concurrence faussée.

Vœu :

En raison des impacts prévisibles de la mesure sur les finances publiques, l’économie et l’environnement, le Conseil régional demande au Gouvernement d’abandonner le projet de transfert au secteur privé du capital de la société Aéroports de Lyon.

[1] Intervention du ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, Emmanuel Macron, à l’Assemblée Nationale, le 23 janvier 2015.

[2] Idem.

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