Economie de proximité : Dorémi crée des emplois en luttant contre la précarité énergétique

Dans la vallée de la Drôme, un nouveau dispositif suscite une offre de professionnels de la rénovation des bâtiments pour les particuliers.

Isolation, chauffage… Rénover sa maison, c’est souvent faire des économies d’énergie. C’est aussi faire travailler un réseau d’artisans qui anime l’économie locale. Le seul chauffage des maisons individuelles construites avant 1975 représente 10 % des consommations françaises d’énergie. « Dans la vallée de la Drôme, 70% de l’habitat est constitué de ces maisons, qui peuvent représenter pour leurs propriétaires une charge de 4 000 € de mazout par an, constate Benoît Leclair, vice-président (EELV) du conseil régional à l’énergie et au climat. Pas facile pour ceux qui vivent par exemple avec 800 € de retraite par mois. »

Mais trouver des professionnels qualifiés dans les économies d’énergie n’est pas une mince affaire. En effet, les artisans sont peu organisés pour proposer aux particuliers une offre de rénovation thermique claire, performante et peu coûteuse. « Faire appel à un bureau d’études pour faire un diagnostic revient à environ 1 000 €, et il n’y a personne pour assurer la coordination du chantier, estime Didier Jouve, conseiller régional (EELV). Nous avons compris que le diagnostic était souvent le même car le type de maison concernée varie peu. »

C’est pourquoi la Biovallée, regroupement de communes de la vallée de la Drôme, a décidé de faciliter l’accès de la rénovation thermique aux particuliers à travers le dispositif Dorémi. Le principe : proposer un diagnostic préalable simplifié par un spécialiste indépendant, puis une coordination du chantier de rénovation par l’une des entreprises intervenantes.

Ainsi, Biovallée incite des professionnels à se constituer en groupements capables de répondre à la demande de manière cohérente. Ces groupements sont formés aux techniques de pointe des économies d’énergie. « Un thermicien conseil leur donne des tuyaux très concrets sur les dernières innovations, explique Didier Jouve, qui est l’un des pères du projet. Il apporte aussi un regard sur leurs méthodes de travail pour économiser et donc pouvoir baisser leurs prix. Notre objectif est que le coût des travaux soit absorbé par les économies d’énergie que réaliseront les particuliers. » Ils sont aussi accompagnés pour mettre sur pied une offre commerciale cohérente. Le dispositif, encore en phase pilote, est prometteur. L’objectif est d’arriver à un rythme de 600 logements rénovés chaque année dans la vallée de la Drôme. « Les artisans ont compris qu’il s’agit d’un marché considérable, qui ne sera pas pris par des entreprises extérieures, estime Didier Jouve. Il faut qu’ils se forment et qu’ils embauchent. Pour des chantiers à 30 000 € en moyenne, on peut espérer créer 400 emplois sur ce territoire de 50 000 habitants. » Si le succès est au rendez-vous, la Région pourra généraliser ce dispositif qu’elle soutient. Et peut-être multiplier l’objectif par cent.

Des critères écologiques pour les aides publiques

Dans une crise à la fois économique, sociale et environnementale, chercher à créer des emplois est nécessaire, mais pas suffisant. Les écologistes portent des exigences plus fortes : maintien de l’emploi, utilité sociale, réduction de l’empreinte environnementale. Les écologistes ont imposé l’évaluation de ces aides selon cinq critères essentiels : solidarité, intérêt général, ancrage local, approche transversale, protection de la santé et de l’environnement. L’objectif est de mettre en place une véritable éco-conditionnalité des aides économiques de la Région. Malheureusement, pour les élus comme pour l’administration, les habitudes sont difficiles à changer, et dans les faits, le changement de cap n’a pas encore eu lieu.

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