Circuits courts : bio, autonomie et vente directe, une formule gagnante pour des élevages rentables

La Région propose une aide pour que les élevages produisent leur propre fourrage, ce qui diminue des charges plombées par l’aliment OGM.

En 1992, Joseph Fray reprend l’exploitation agricole de ses parents à Villeneuve, dans l’Ain. Avec une trentaine d’hectares et quelques vaches laitières, l’exploitation est sous-dimensionnée. Au fil des ans, Joseph Fray s’étend sur une centaine d’hectares, mais l’exploitation peine encore à résister : les prix d’achat du litre de lait ou du kilo de viande font du yo-yo, et trop souvent, le chiffre des ventes ne couvrent pas les charges.

En 2001, Joseph Fray et son épouse choisissent de changer de modèle pour élever des porcs et des bovins en bio dont ils assureraient eux-mêmes la transformation et la vente. « J’ai fait le choix de protéger et d’accompagner la vie du sol plutôt que de rentrer en guerre chimique », explique Joseph Fray. En plus de la conversion à la bio, ils choisit aussi de cesser d’acheter des aliments à l’extérieur pour son bétail afin de tout produire sur son exploitation.

Au début des années 2000 en effet, les éleveurs sont pris entre deux feux. L’aliment, majoritairement composé de soja OGM importé d’Amérique du Sud, coûte de plus en plus cher. Sur l’année 2007, l’augmentation est même de 70 %, tandis que les revenus des éleveurs baisse de 17 % en moyenne nationale. « Pour nous, c’est facile de dire ‘non aux OGM’, encore faut-il donner les moyens aux éleveurs de ne pas aller vers les OGM  », estime Gérard Leras.

En 2004, une vingtaine d’élus écologistes sont élus au conseil régional. Partant de ce constat, ils poussent l’exécutif à instaurer une politique de soutien afin que davantage d’élevages deviennent autonomes pour leur alimentation. « Dans un premier temps, la Région aide les éleveurs à réaliser un diagnostic de leur exploitation : qu’est-ce qui chez moi permettrait de gagner de l’autonomie ? Quels sont les investissements nécessaires ? Ensuite, elle les aide financièrement à réaliser ces investissements. » Aujourd’hui, plus de 700 fermes ont été aidées.

Ainsi, les Fray ont pu faire financer un moulin électrique qui mélange et broie de manière très précise la vingtaine de céréales et légumineuses produites sur l’exploitation : blé, orge, pois, soja, épeautre… « Ainsi, l’alimentation est de bien meilleure qualité qu’avec un aliment standardisé. Les porcs ont une meilleure croissance, et cela se ressent dans la viande, les clients me l’affirment. » Joseph Fray estime que produire lui-même son aliment lui coûte un tiers de moins. Ainsi, via deux marchés, à la ferme, et via une Amap, Joseph Fray vend en moyenne deux porcs et la moitié d’un bovin par semaine, avec une demande croissante des consommateurs. Il estime ainsi s’engager dans une sorte de cercle écologiquement et économiquement vertueux : « Cela assure une certaine pérennité de mon exploitation. L’agriculture biologique est économiquement plus rentable que l’agriculture conventionnelle, du fait qu’on vend nos produits plus directement. C’est à la fois un respect de l’environnement et un respect du consommateur. » Ainsi, l’exploitation a créé plusieurs emplois.
Ailleurs en Rhône-Alpes, la coopérative d’utilisation du matériel (cuma) des Vertes prairies, près de Condrieu, a fait un autre choix, avec le soutien de la Région : investir dans une tritureuse qui transforme le colza produit par ses membres afin d’obtenir d’une part le tourteau qui sert d’aliment au bétail, et d’autre part de l’huile qui sert à faire tourner les tracteurs. « En devenant autonomes en énergie et en alimentation animale, on renforce la rentabilité des exploitations agricoles, et on inscrit l’agriculture dans le territoire », expliquent les responsables de la cuma.

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