Ceux qui aiment le Front National ne prendront pas le train

Les transports collectifs sont l’une des principales compétences du conseil régional. Mais pour le Front National, investir dedans revient à gaspiller l’argent du contribuable au détriment de la route qui, elle, semble à leurs yeux ne rien coûter.

Le Front National se pose en défenseur de l’automobiliste qu’il oppose aux voyageurs en train, en oubliant que ce sont souvent les mêmes. Quand on parle de créer des « alternatives ferroviaires efficaces aux déplacements mécanisés individuels », Maurice Faurobert s’offusque (décembre 2011) : « Est-il donc devenu essentiel d’entraver la liberté du citoyen à se déplacer comme il veut quand il veut ? Est-il donc devenu insupportable d’investir pour le Français moyen automobiliste ? Peut-être sont-ils devenus des citoyens de deuxième zone. »

La route ou le fer

Disant cela, le FN feint de ne pas comprendre que l’une des compétences du conseil régional est de développer le réseau des trains régionaux, les routes étant du ressort du département. « Je rappelle que l’investissement en infrastructures est deux fois plus cher que pour le routier et que personne n’a fait la démonstration du transport ferroviaire bénéfique pour l’économie », insiste pourtant Maurice Faurobert (septembre 2011).

Car là aussi, le transport public n’est pour le parti protestataire qu’une « machine à plumer le contribuable » : selon le même, la « tarification sociale ne s’applique que sur le ¼ du prix de revient du voyage, les ¾ du prix sont déjà offerts par les contribuables auxquels on n’a pas demandé leur avis » (décembre 2011). Car, bien sûr, le contribuable ne finance jamais les routes ni les autoroutes.

D’ailleurs, le parti d’extrême droite étant opposé à la notion même de service public, les collectivités n’ont tout simplement pas à financer les équipements ferroviaires. Seuls les péages devraient financer les infrastructures. Toujours selon Maurice Faurobert (septembre 2011), « on met nos impôts dans ces travaux pour créer des emplois. Cela veut dire que l’on paye pour travailler. Or, l’intérêt du tunnel c’est effectivement d’avoir des péages et les péages, c’est le fret et les voyageurs. (…) en ce qui concerne le fret sur cette direction il a plutôt diminué qu’augmenté. On ne peut donc pas compter sur ces rentrées et au niveau des voyageurs, on a du mal à maintenir le trafic actuel. » Dans ces conditions, on se demande alors comment la France pourrait maintenir un réseau digne de ce nom.

Restez chez vous !

De toute manière, les « contribuables » ne prennent pas le train, parce qu’on ne « les a pas encore convaincus que nos services sont à l’heure, réguliers, confortables et que l’on n’a plus à craindre d’y prendre un mauvais coup. » (décembre 2011) Les gares TER sont des coupe-gorge, tout le monde sait cela.

Mais pour faire des économies, Maurice Faurobert a trouvé la solution (février 2012) : « Le vrai problème des transports aujourd’hui, ce n’est pas de les multiplier, de les rendre plus confortables ou écologiques, c’est de les diminuer. C’est de trouver des remèdes à l’hypertrophie de la mobilité. » Restons chacun chez soi !

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