Schéma régional climat air énergie : ne nous arrêtons pas au milieu du gué !

Par Pierre Mériaux, conseiller régional EELV, vice président de la commission énergie-climat

Après une grande concertation, la préfecture de Région propose des objectifs climatiques insuffisants. Pour aller plus loin, il faut opérer de profonds changements qui ne sont envisageables qu’avec un autre gouvernement. Alors pourquoi valider le texte maintenant ?

Des ambitions loin
de la hauteur
de l’enjeu

Facteur 5 (- 80 % de gaz à effet de serre -GES- d’ici 2050). C’est l’ambition que s’est fixée le Conseil régional en 2010.

Facteur 4 (- 75 % de GES d’ici 2050). C’est l’objectif national fixé par la loi de programmation énergétique de 2005, calqué sur le protocole de Kyoto.

Facteur 3 (- 66 % de GES d’ici 2050). L’objectif du Schéma régional climat air énergie est en dessous de ce seuil, à 62 %.

Le Schéma régional climat air énergie est un document rédigé par la préfecture de Région qui doit détailler les efforts à réaliser pour contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Cet indispensable travail de concertation a permis à de nombreuses parties prenantes de s’exprimer. Benoit Leclair, vice-président à l’Energie et au Climat, ainsi que notre groupe, très présent aux réunions, avons pu améliorer le schéma.

Nous nous félicitons du fait que le document de la préfecture reconnaisse la place que prendront les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien. Cependant, l’exercice était limité dès le départ. Toute discussion sur l’énergie non renouvelable était exclue a priori par le gouvernement. Nous n’avons donc pas parlé des énergies fossiles ou nucléaire.

Envisager de profonds changements

Le document fait aussi mention des changements de comportements nécessaires à une véritable sobriété énergétique. Le problème est qu’il ne peut que pointer du doigt ces obstacles et qu’il est impuissant à montrer la voie. En effet, si l’on veut contribuer significativement à limiter le dérèglement climatique d’ici à 2050, il faut au moins viser l’objectif fixé par le protocole de Kyoto dit de « facteur 4 », c’est-à-dire une diminution de 75 % de nos émissions de gaz à effet de serre.

Pour cela, il est nécessaire d’envisager de profonds changements qui ne soient pas seulement technologiques, mais qui touchent aussi à la manière dont notre société est structurée.

Une fiscalité écologique

La première mesure à prendre serait une remise à plat de notre système fiscal pour créer une véritable fiscalité écologique, et pas seulement une « taxe carbone » qui ferait figure de rustine. Cette fiscalité à la fois dissuasive et incitative encouragerait le développement des transports en commun, la rénovation thermique des bâtiments, la conversion à l’agriculture biologique et l’évolution de notre industrie vers des pratiques d’écologie industrielle où les déchets des uns sont l’energie des autres.

Il faudrait aussi revoir entièrement la manière dont le territoire a été aménagé depuis cinquante ans en stoppant l’étalement urbain et en relocalisant de nombreuses activités économiques.

Les nouvelles perspectives de l’alternance

Ces ambitions sont à portée de main, mais elles ne sont pas compatibles avec les orientations politiques du gouvernement actuel. L’alternance souhaitable dans les mois qui viennent pourrait changer la donne. C’est pourquoi nous pensons qu’il est regrettable d’arrêter à ce stade ce travail de concertation en le validant par une délibération du conseil régional. En effet, mis à part la Picardie qui va adopter un objectif ambitieux à facteur 5,, aucune région n’a encore mis à l’ordre du jour l’adoption de son SRCAE. Nous avons donc demandé le retrait de cette délibération. Le SRCAE doit être amélioré. 

 

 

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