Intervention de Véronique Rousselle sur le plan régional pour la qualité de la restauration lycéenne

Monsieur le Président, chers collègues

Introduction :

La qualité de la restauration collective semble un sujet simple, mais elle concerne un grand nombre de thèmes complexes. Le gouvernement vient de décréter, le 30 septembre dernier, qu’afin d’augmenter la qualité, il fallait notamment augmenter le nombre de plats….nous n’avons pas la même conception de la qualité.

La qualité de la restauration c’est  prioritairement ce qu’il y a dans l’assiette du lycéen chaque jour, afin que le jeune, grâce à son alimentation soit en bonne santé.

C’est aussi une qualité environnementale par son impact sur l’économie et l’environnement, c’est une qualité  pédagogique d’éducation à l’alimentation

C’est aussi les conditions dans lesquelles les lycéens prennent leur repas (temps de repas, bruit, équipement, accueil, etc.)

La qualité de la restauration c’est aussi un prix abordable pour les familles, des équipes de cuisine qui travaillent dans de bonnes conditions.

(Sur le groupe de travail)

Nous apprécions l’organisation du groupe de travail, ouvert aux acteurs concernés.  Durant les 8 réunions, il y a eu des échanges riches, qui ont abordé les différentes problématiques, montré les différentes situations et conditions dans lesquelles se trouvent les lycées pour mettre en place ce plan. Nous saluons ce travail en commun. Un regret cependant sur l’absence d’invitation à ce groupe de travail du président de la commission agriculture et développement rural, du conseil régional. En effet le budget agricole risque d’être impacté par cette délibération et il s’agit de délimiter les conséquences financières des décisions prises.

Ce plan a la volonté de relier les lycéens, la communauté éducative, le personnel régional,  les produits et agriculteurs de RA pour une restauration de qualité. Cette approche renforcera la réussite de sa mise en place.

(Sur les pesticides et la bio)

La garantie de la qualité vis-à-vis des substances chimiques, se fera en choisissant de prendre des produits bios. Vous savez que les pesticides posent un véritable problème de santé publique. Les études convergent : leurs effets sur les personnes exposées et d’autant plus sur les jeunes se manifestent à travers un risque plus élevé de développer de nombreuses maladies telles que cancer, malformations congénitales, dérèglement endocrinien, problèmes d’infertilité, problèmes neurologiques ou encore système immunitaire affaibli….
Depuis 2004, les régions sont responsables de la restauration dans les lycées. Nous avons donc indirectement une responsabilité de la qualité sanitaire. Le poids de cette responsabilité risque de devenir immense à cause des effets des pesticides sur la santé. Or cette sécurité alimentaire ne sera pas garantie par du local. C’est cette responsabilité qualitative sanitaire que tous les consom’acteurs rhônalpins attendent de nos engagements.

C’est vrai, chacun s’accorde à dire qu’il faut du local. Faut-il pour autant relocaliser une agriculture chimique ? Une pomme locale avec 28 résidus de pesticides, est-ce meilleur qu’une pomme bio italienne, comme le Grand Lyon le fait ? Vues les conversions vers l’AB en Rhône-Alpes, nous pouvons maintenant approvisionner en bio local les lycées. Alors pourquoi nous priver ? La restauration collective sera un levier pour développer la bio locale et offrir des débouchés aux conversions, L’effet levier d’un choix de bio local sera particulièrement vrai en fruits et légumes, mais aussi en produits laitiers, en viande…

Renforcer du bio local c’est renforcer l’assurance d’une restauration lycéenne durable.

Le souci de cette délibération d’offrir des repas de qualité et l’utilisation de circuits courts et de bio va dans le bon sens. Le renforcement à d’autres lycées, du  dispositif « mon lycée mange bio »,  qui a montré son efficience, est une bonne mesure.  Le plancher de 15 % de produits bio locaux dans l’alimentation n’est pas très ambitieux face aux enjeux de santé de nos enfants, de l’eau et de la terre. Nous pourrions facilement aller plus loin, par exemple en ayant une majorité de produits bio locaux à chaque repas dans les lycées éco-responsables.

 (Impact carbone et viande)

La mise en place de l’outil « impact carbone » de la restauration lycéenne qui d’ailleurs est actuellement travaillé avec d’autres régions, dans six lycées,  est une mesure à la fois pédagogique et utile. La restauration, après le chauffage, est le deuxième émetteur de CO2 dans les lycées. Elle s’inscrit logiquement dans le plan énergie climat de la région. C’est avec cet outil, que l’on pourra modifier la construction des menus, la réduction de la consommation de viande, le local, le bio…. Un lycéen, s’il est informé, comprendra qu’il est impossible que tous les terriens consomment quotidiennement de la viande. Que notre surconsommation implique des élevages intensifs  aux conséquences désastreuses sur la santé, sur l’environnement. Les 15% de local (même pas bio) laissent la place à 85% de viande industrielle… Les choix que feront les jeunes plus tard pour leur alimentation auront un impact planétaire conséquent. Il faut donc adapter leurs menus aux richesses que nous offre notre Terre et éduquer les lycéens à cette manière de concevoir l’alimentation.

 

(Les conditions d’accueil)

Le groupe qualité restauration a mené une réflexion sur la place du temps de repas, qui engage la Région au travers des aménagements, qui questionne l’éducation nationale sur les emplois du temps, la communauté éducative sur la place de ce temps dans la scolarité. Ce sont des avancées notoires. L’engagement pris sur l’optimisation de l’accueil, que ce soit le matériel ergonomique, le bruit, les emplois du temps, va dans le bon sens d’une meilleure qualité.

La question des tarifs a été débattue : nous soulignons le coté positif de la proposition de resserrement de l’éventail des tarifs pratiqués en Rhône-Alpes,  mais nous regrettons l’absence de tarification sociale. Nous savons que pour les intendants et les proviseurs c’est un casse-tête administratif monumental, sans un renforcement des effectifs par l’Etat mais le tarif pèse tout particulièrement sur les familles. La prise en compte des inégalités face au tarif est remise à un groupe de travail. Il est regrettable de ne pas être allé plus loin plus rapidement.

 

 Nous avons d’autres regrets sur cette délibération

 Et nous les développerons en présentant nos amendements, mais en voici quelques éléments :

Nous ne voyons rien sur les besoins en personnel que ce plan nécessite. Il est évoqué une assistance régionale, spécialisée sur la diversification, l’équilibre des repas, la sécurité alimentaire. Il est évoqué la formation des agents mais ce plan ne pose nulle part une évaluation des besoins humains pour son déploiement.

Il y a un minimum de 15% de bio mais rien sur un partenariat avec ses acteurs principaux qui sont les membres du réseau Corabio alors que le partenariat avec la chambre d’agriculture est noté clairement.

Les lycées consomment aussi des produits d’importation, comme le riz, le sucre ou la banane…..il est nécessaire qu’ils recourent au maximum à des produits du commerce équitable qui incarne une démarche agroécologique vers la bio. Il faudrait faire plus qu’encourager : mais recourir à ces produits et sensibiliser les élèves à cette démarche.

Les groupements d’achats sont certes utiles pour sécuriser et mutualiser les procédures de marchés publics qui sont complexes. Par contre, les groupements d’achats vont à l’encontre des achats locaux, notamment par la concentration des volumes. Favoriser les groupements d’achats c’est prendre le risque de freiner le développement du local dans la restauration des lycées. Si la région les soutient, nous devons être conscients de ce risque et il conviendra d’introduire des clauses strictes dans leur fonctionnement pour limiter ce risque.

La volonté de la région d’avoir tous les lycées en gestion directe a été affirmée depuis longtemps. Elle doit se réaliser pour les quelques lycées en délégation de service public. Il faut évidement que la région donne les assurances nécessaires sur les moyens humains, l’accompagnement de l’internalisation de la restauration.

Nous serons particulièrement vigilants quant à la mise en œuvre de cette délibération, son portage politique et le suivi de sa réalisation.

Cette délibération offre un potentiel énorme pour les lycéens et pour l’aménagement du territoire.

Je vous remercie

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