Intervention de EricPiolle sur le débat d’orientation budgétaire

Monsieur le Président,

Monsieur le Vice-Président,

Mesdames, Messieurs,

 

Ces débats budgétaires donnent parfois l’impression de se répéter. Mais on s’écoute, on affine, on fait bouger la boussole.

C’est le principe du cap et des priorités.

 

Ça va aussi mal qu’en 2008.

En fait, ça va plus mal :

–         bourse paniquée et déboussolée (la corrélation des différends différents secteurs atteint un pic historique, bien au-dessus de 2008), capitaux désemparés (les capitaux se « réfugient » dans les bonds du trésor US par peur, en réponse à la dégradation de la note des US…)

–         pression sur la dette publique après que les gouvernements ont tenté de remplir,sans contrepartie, le tonneau des Danaïdes avec de l’argent public,

–         coups de menton désordonnés du gouvernement, qui paralysent les acteurs économiques en rajoutant de l’incertitude à l’incertitude,

–         Et surtout chômage (4 950 000 inscrits à Pôle Emploi en août) et la précarité (8 millions de pauvres), lutte contre le changement climatique passant à la trappe, oubli des objectifs du millénaire du développement (qu’on peut regarder tristement, vu qu’on a dépensé 50 fois plus pour la crise que le budget nécessaire pour remplir l’ensemble de ces objectifs).

 

En 2008, la région avait lancé un plan de soutien.

Il nous faut aujourd’hui un plan d’accélération de la transformation écologique de l’économie et de la société.

C’est quoi ? C’est dire que le social et l’environnement participent d’une seule et même logique.

C’est anticiper les mutations, préparer l’avenir de nos territoires et de leurs habitants à assurer l’emploi et la solidarité par la transformation écologique de l’économie et de la société.

C’est passer à autre chose que la compétitivité et la productivité.

Nous faisons déjà beaucoup de choses qui vont dans le sens de ce cap collectif. Boostons ces actions.

Et arrêtons ce que nous continuons à faire qui va dans le mauvais sens.

Pour ne citer que les délibérations votées ce matin, c’est par exemple 8milliions d’euros qui ont été votés pour Adixen et Nano 2012, en pure perte et en contradiction avec l’accord budgétaire de la majorité de décembre dernier.

Cela demande du travail collectif car c’est une difficulté réelle pour les femmes et les hommes politiques de porter des arrêts ou des baisses d’intervention ou d’investissement.

S’il est très gratifiant pour un élu d’inaugurer un investissement, un bâtiment… il est plus difficile de valoriser la bonne gestion des finances publiques faite en économisant de l’argent, en internalisant par exemple des missions utiles au bon fonctionnement du service public comme la maintenance informatique des lycées ou en défendant la présence des contrôleurs dans TOUS les TER.

Surtout que certains n’y verront qu’une hausse des fonctionnaires « boulets » de la société.

 

Nous appelons à ce travail collectif pour revisiter chacune de nos politiques et faire cet effort de réorientation qui faisait d’ailleurs parti de notre déclaration commune d’entre deux tours.

 

En attendant ce travail de détail, nous soutenons les équilibres recettes/dépenses de ce budget ainsi que les lignes d’actions.

 

Quatre commentaires :

Un petit mot cependant pour répéter notre opposition à la rhétorique du sacro-saint investissement contre le mauvais cholestérol que serait le fonctionnement.

Investissement qui va préserver l’environnement et réduire les charges ou avoir un effet de levier.

Investissement de maintien de notre patrimoine. A partager entre générations.

Le fonctionnement, ce sont des interventions utiles aussi.

 

Deuxième commentaire sur l’exécution budgétaire.

Nous avons constaté, lors du compte administratif et de la décision modificative, qu’il y a une dérive dans l’exécution budgétaire. Ces économies sans arbitrage politique sont pires que tout. C’est une sorte de rigueur non assumée.

 

Troisième commentaire sur l’emprunt obligataire, pour lequel nous avons exprimé notre position lors de l’amendement défendu en septembre.

Nous ne souhaitons pas jouer les Cassandre.

Force est de constater que si la démarche avait été initiée il y a des années comme le préconisait notre groupe, nous ne serions pas dans cette situation inconfortable face à l’emprunt.

J’espère que, sur la question de l’abandon de la croissance comme vers objectif de l’action publique, nous arriverons à nous faire entendre plus rapidement.

Il reste du chemin. Nous voyons lors de chaque exercice budgétaire ou programmatique (pas ici heureusement) des hypothèses de croissance fumeuses, revues à la baisse chaque trimestre lors du « choc de la réalité ».

Et que dire des petits cris soulagés lorsque la croissance du trimestre a été de +0.1%. « Ouf, on a évité la récession ». Comme si +0.1% ou -0.1% changeaient la vie des citoyens.

Cela devient de la pure superstition.

 

Enfin, un dernier commentaire sur la mise en perspective de l’action régionale.

Pour dire que sur bien des sujets, l’ARF peut être un espace d’efficacité et d’effet levier en ouvrant sa gouvernance.

 

 

Notre priorité reste de pouvoir expliquer en 3 minutes à un rhônalpin avec des mots accessibles nos choix et en quoi ces choix aident à la mise en œuvre de notre projet de société.

 

La vision politique que nous avons construite ensemble, concrète et lisible, est un premier pas fondamental.

La mise en adéquation de notre budget avec ces priorités est le défi que nous abordons ensemble pour les semaines à venir.

 

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