« Mise à niveau » des centrales nucléaires : 70 MILLIARDS DE PLUS POUR UNE SÛRETÉ INSUFFISANTE

Le gouvernement, qui a fermé la porte du dialogue au niveau régional, vient aujourd’hui au Bugey pour faire croire que la sûreté est assurée. Mais l’Europe prépare des normes qui pourraient faire très mal au budget de l’Etat.

Le Premier ministre François Fillon vient aujourd’hui visiter la centrale du Bugey. Au programme, une prise de parole officielle, du haut vers le bas, alors que le préfet de Région a par deux fois répondu par le silence aux demandes officielles d’élus locaux et régionaux pour la tenue d’une conférence régionale pour la sécurité.

Au lendemain de Fukushima, le gouvernement n’a toujours pas pris la mesure du danger nucléaire. Cependant, la Commission européenne, qui a compris qu’on ne pouvait pas envisager la sûreté à l’intérieur des frontières d’un seul Etat, prépare une directive de renforcement des normes (1) dont le coût pour toutes les installations françaises est estimé à environ 70 milliards d’euros selon Michèle Rivasi, députée européenne.

« En période d’austérité budgétaire, le nucléaire apparaît plus que jamais au-dessus de nos moyens, estime Michèle Rivasi. Dans l’immédiat, nous sommes bien sûr favorables au renforcement de la sûreté. Il faudra donc réaliser cette dépense tout en préparant la nécessaire sortie du nucléaire dans les 25 ans. Cependant, on peut économiser une partie de cette somme en fermant les sept ou huit centrales à bout de souffle, dont le Bugey et le Tricastin. Ce sont ainsi près de 20 milliards d’euros qui pourront être investis dans les filières d’avenir que sont les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. »

Mais ces investissements colossaux restent dérisoires face aux problématiques soulevées. « Le gouvernement veut tester la sûreté des installations en cas d’accident, mais que fait-il pour les populations, les travailleurs et les écosystèmes exposés, dans le déni, à longueur d’année aux rejets des centrales ? La sûreté nucléaire est une illusion qui occulte la catastrophe sanitaire et environnementale latente. C’est une question de société », affirme Alain Chabrolle, vice-président de la Région délégué à la santé et l’environnement.

C’est pourquoi en avril dernier, à l’initiative du groupe Europe Ecologie – Les Verts, le conseil régional de Rhône-Alpes a voté un vœu demandant à l’Etat, l’Autorité de sûreté nucléaire et à EDF de renforcer la politique de sûreté nucléaire, avec des études épidémiologiques. Comme les syndicats d’EDF, il demandait aussi l’arrêt rapide de la sous-traitance des tâches de maintenance pour améliorer la protection des salariés et donc des populations.

« Le nucléaire est dans une triple impasse : celle des risques encourus, celle du traitement des déchets et celle du démantèlement des centrales, résume Benoît Leclair, vice-président de la Région à l’énergie et au climat. Nous devons assumer ce fardeau pour les décennies à venir mais en s’engageant dans la transition énergétique, vers une politique axée sur les économies, l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables.»

(1) Les mesures suivantes devraient être imposées aux centrales : renforcement du radier sous les réacteurs en cas de fusion ; construction d’une enceinte en béton autour des piscines de stockage ; construction de casemates pour isoler les groupes électrogènes de secours.

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