Intervention de Belkacem Lounes sur le SRESRI

M. le Président,

Cher-e-s collègues,

Le rapport qui nous est soumis par M. le Conseiller Spécial, rappelle pertinemment l’importance de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, pour l’essor économique, scientifique, social et culturel de notre territoire. Il est cependant utile de rappeler que le premier et principal opérateur et responsable de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, c’est l’Etat. Nous l’accompagnons lorsque c’est nécessaire par exemple dans les CPER mais vu l’exiguité de nos moyens, nous devons cibler nos interventions de manière à être décisifs et à marquer la spécificité de l’apport de notre Collectivité.

Concernant la concertation dans le processus d’élaboration de la SRESRI, si nous avons eu la satisfaction de la vivre en interne, nous regrettons qu’en externe, elle ait concerné principalement les hauts responsables des structures, oubliant des instances élues des personnels, des étudiants et de certains Clusters de recherche.

Dans le domaine de l’enseignement supérieur

C’est le volet qui nous donne le plus de satisfaction dans la mesure où la Région a la volonté affichée de se préoccuper de l’essentiel, c’est-à-dire de l’étudiant-e, et en particulier du taux élevé d’échec en Licence, de l’amélioration des conditions d’études et de vie sur les campus, du soutien à la mobilité internationale, de la promotion de l’université de la réussite pour tous, de la prise en charge de l’universitarisation des formations sanitaires et sociales, etc. Le soutien affiché aux sites universitaires de Roanne, Bourg-en-Bresse et Valence va également dans le sens de la vitalisation des territoires et de la démocratisation de l’accès pour tous à l’enseignement supérieur que nous souhaitons. Nous aurions cependant apprécié que le texte prévoit des dispositifs d’appui à la réussite des étudiant-e-s notamment en matière de pédagogie et mentionne également de manière explicite le soutien de notre Collectivité aux universités de St-Etienne et de Chambéry afin qu’elles ne fassent pas les frais de la métropolisation à outrance chère à la politique de l’Etat. On devra aussi veiller particulièrement à ce que les conditions de vie et de travail des étudiant-e-s dans ces « petites » villes soient du même niveau de qualité que dans les métropoles. Ainsi, il doit être clair que l’accompagnement des PRES de Lyon et Grenoble ne devra pas se faire au détriment des autres territoires, ni ignorer les universités qui doivent rester des partenaires privilégiés de notre Collectivité.

L’amélioration des conditions de vie et d’études (santé, logement, loisirs) est également une nécessité évidente mais il aurait été utile de préciser qu’en ce qui concerne le logement étudiant, l’effort de la région devra aller vers le « logement social » et de haute qualité environnementale. Cette question mérite également d’être associée à celle des transports pour les étudiant-e-s rhônalpin-e-s qui n’habitent pas dans les villes universitaires.

La Recherche :

Nous ne pouvons qu’être d’accord lorsque le texte mentionne que « la recherche doit venir en appui du développement économique durable, du développement sanitaire et social », ce qui signifie pour nous, que la recherche ne doit pas être orientée uniquement vers les applications commercialisables. En d’autres termes, nous déplorons la place réduite accordée à la recherche fondamentale, ou encore expérimentale, qui occupe moins d’espace dans cette stratégie que les pôles de compétitivité, même s’il est affirmé par ailleurs le soutien de la Région aux projets blancs. C’est pourquoi, lors du remplacement des clusters de recherche par des Communautés Académiques de Recherche (ARC), nous serons particulièrement attentifs à la pertinence et à cohérence de leurs thématiques. On peut également regretter que l’appui aux jeunes docteurs se cantonne aux entreprises et aux associations sans mentionner les fondations et n’intègre pas les post-doctorats dans les laboratoires de recherche.

Par ailleurs, nous constatons avec regret le manque de place accordée aux sciences humaines et sociales, trop peu défendues par cette stratégie. La spécificité des enjeux pour ces disciplines n’est pas du tout abordée. Nous estimons que ces champs de la recherche, moins valorisés par notre actualité car sans possibilité industrielle de transfert technologique, devraient pourtant avoir une place de choix dans notre réflexion sur l’enseignement supérieur et la recherche de par leur importance dans la structuration des débats de sociétés indispensables dans notre monde contemporain. Il nous parait donc impératif que les SHS trouvent leur place dans la prochaine configuration des ARC et ce, d’autant plus que notre Région dispose dans ce domaine, d’Universités, de Grandes Ecoles et d’une des plus fortes concentrations en équipes de recherche en économie, sociologie, psychologie, philosophie, sciences politiques, histoire, géographie, urbanisme et autres sciences sociales. Rhône-Alpes compte également de nombreuses structures d’application performantes dans les domaines de la recherche et de l’innovation sociale.

L’innovation :

Le soutien de notre Collectivité à l’innovation n’a de sens que si celle-ci rayonne sur l’ensemble des thématiques de la société et si elle implique le maximum d’acteurs économiques, sociaux et culturels. Des modalités pratiques doivent être imaginées afin de permettre l’essaimage des innovations pas seulement vers les TPE/PME industrielles mais aussi en direction des entreprises de l’économie sociale et solidaire et des filières telles que l’agriculture, l’agroalimentaire et le bois, par exemple.

Concernant particulièrement les pôles de compétitivité, nous devrons veiller à éviter les effets d’aubaine dont peuvent bénéficier certaines entreprises dont la seule finalité est le profit à court terme. Plus globalement, la visibilité des financements est encore à améliorer puisqu’à l’heure actuelle il est difficile de connaître avec précision le champ de périmètre des différents modes de financement, les publics visés, les destinataires ultimes, etc. Cela doit conduire la Région à renforcer sa vigilance concernant le multi-financement en luttant contre la tendance des mêmes organismes à capter une part trop importante des subventions proposées et à nourrir une réflexion plus approfondie sur les retour sur investissement que notre collectivité devrait attendre de ses aides à l’innovation. Photowatt vient de nous donner le mauvais exemple d’une entreprise qui s’apprête à délocaliser sa production et à licencier après avoir bénéficié directement et indirectement, de précieux soutiens financiers publics.

Enfin et concernant la question de la gouvernance de la politique régionale, l’idée d’une Conférence Régionale nous parait tout à fait opportune mais en plus des acteurs cités, nous proposons d’ajouter des représentants de la société civile et des élus représentants les collectivités locales (CG, Communes), les EPCI, communautés de communes, syndicats intercommunaux, etc.

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